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Verdict de la CPI sur Al Hassan (police islamique)

26 juin 2024

La Cour pénale internationale reconnaît Al Hassan, chef de la police islamique d'Ansar Dine - Aqmi, coupable de crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Ces crimes ont été commis à Tombouctou en 2012 et 2013.

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Portrait d'Al Hassan dans le box de la CPI (archive de 2022)
Ancien chef de la police islamique à Tombouctou, Al Hassan a été reconnu coupable de crimes de guerre et crimes contre l'humanitéImage : Piroschka Van De Wouw/ANP/AFP/Getty Images

La Cour pénale internationale (CPI) a rendu public son jugement dans le procès de Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud.

L'accusé, appelé aussi "Al Hassan", a été reconnu coupable de  crimes de guerre et crimes contre l'humanité – des faits remontant aux années 2012-2013. A l'époque, Al Hassan était un responsable de haut rang de la police islamique du groupe djihadiste Ansar Dine/Aqmi à Tombouctou.

Enfermement, humiliation, flagellation, mutilation...

Al Hassan est resté impassible durant la lecture du résumé oral par le juge congolais Antoine Kesia-Mbe Mindua. Durant près de deux heures, le magistrat a rappelé les crimes examinés par la Cour durant les quatre années de procès.

La description même de ces crimes est pénible à entendre. Ils ont été commis sous le régime de terreur instauré par le groupe djihadiste Ansar Dine/Aqmi dans les années 2012-2013, alors que les terroristes régnaient en maîtres sur la ville de Tombouctou.

Al Hassan était à l'époque un chef de la Hesba, la police islamique. A ce titre, il a, entre autres crimes, participé à l'arrestation, à la détention, à la flagellation de personnes condamnées par le tribunal islamique mis en place dans la ville qui considérait que ces personnes contrevenaient aux préceptes de l'islam.

La hesba, police islamique

Le premier djihadiste jugé par la CPI pour la destruction de mausolées à Tombouctou, Ahmad a-Mahdi, avait décrit en ces termes la mission de la Hesba : "promouvoir la vertu et prévenir le vice".

Des femmes adultères, des couples non-mariés, ou même des femmes trop peu couvertes selon la police islamique ont ainsi été arrêtés, enfermés dans des cellules exigües sans boire ni manger, obligés de faire leurs besoins à même le sol, ont reçu des coups de fouet. Certaines victimes ont même été mutilées.

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Lutte contre l'impunité

Les juges ont estimé qu'Al Hassan avait participé directement ou concouru à la commission de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité : torture, atteinte à la dignité de la personne, traitement cruel, persécution pour motifs religieux, mutilation.

Alioune Tine, expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits humains au Mali et fondateur du think tank AfrikaJom, fait part de sa satisfaction à l'énoncé du verdict : "Je me réjouis énormément. Je pense que [la lutte contre] l'impunité est une question centrale dans la lutte contre le terrorisme. Ceux qui ont commis des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre doivent rendre des comptes devant la CPI."

Al Hassan a en revanche été acquitté d'autres charges qui pesaient sur lui : le viol, l'attaque contre des biens protégés, les mariages forcés notamment.

Un signal aux dirigeants du Sahel

La Cour précisera sous peu sa sentence. Mais pour Alioune Tine, ce verdict dépasse le simple cas d'Al Hassan :

"C'est très important aussi d'envoyer des messages très clairs aux autorités des pays qui sont confrontés à la guerre contre le terrorisme pour dire que la communauté internationale est là, qu'elle suit et est prête à prendre ses responsabilités par rapport au terrorisme.

Je salue la décision de la CPI.  Je l'encourage à continuer à lutter contre le terrorisme. Encourager aussi les Etats à lutter contre le terrorisme et surtout contre l'impunité des crimes internationaux.

C'est important d'envoyer ce message au Sahel, que la communauté internationale n'est pas indifférente aux défis, aux crises extrêmement complexes, notamment la crise sécuritaire, auxquelles ces pays sont confrontés."

Vendredi dernier, la CPI a rendu public un mandat d'arrêt contre Iyad Ag Ghaly, l'un des principaux chefs jihadistes de la zone, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés commis eux aussi, pour l'essentiel, à Tombouctou, en 2012 et 2013.