1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Nigeria : "Nous souffrons !"

Reliou Koubakin
20 octobre 2020

La jeunesse nigériane a obtenu la dissolution de la brigade spéciale de répression des vols mais veut poursuivre sa mobilisation pour la bonne gouvernance.

https://p.dw.com/p/3kBjI
Un manifestant mobilise la foule sur l’axe Ibadan-Lagos contre la brutalité policière
Un manifestant mobilise la foule sur l’axe Ibadan-Lagos contre la brutalité policière Image : Pius Utomi EkpeiAFP/Getty Images

Le gouverneur de l’État de Lagos a mis en place un couvre-feu d’urgences de 24 heures. Une annonce en réponse aux manifestations qui persistent dans ce pays depuis plus d’une semaine.

Sur Twitter, le gouverneur Babajide Sanwo-Olu s’est dit choqué de constater l’escalade des manifestations. Il a comparé celles-ci à un monstre qui menace le bien-être de la société. M. Sanwo-Olu a ajouté qu’il ne permettra pas l’anarchie dans "notre cher État" de Lagos.

Lire aussi → Les violences policières au Nigeria et ailleurs en Afrique

Lutter pour leurs droits

Malgré la dissolution de la brigade spéciale de répression des vols (SARS), accusée de violences policières, de nombreux incidents ont encore été enregistrés ce mardi matin à Lagos, épicentre de la contestation.

Les principales routes étaient bloquées, les écoles fermées dans cette mégalopole de 20 millions d’habitants. Plusieurs coups de feu ont été tirés.

"Nous voulons qu’ils sachent que trop c’est trop." (Un manifestant)

Le mouvement de protestation, bâti sur la dénonciation des violences commises par les forces de l’ordre, s’est désormais mué en une revendication politique, appelant à une meilleure gouvernance de la première économie du continent.

David Olawale, un de ces manifestants qui ont bloqué hier l’aéroport de Lagos affirme que "nous bloquons l’aéroport car j’entends depuis trop longtemps que le pays se portera mieux. Mais nous souffrons. Nous voulons lutter pour notre droit afin qu’ils sachent notre peine. Nous voulons qu’ils sachent que trop c’est trop." 

La capitale fédérale du Nigeria Abuja est aussi touchée. Des échauffourées ont été signalées ce matin. Hier, la police a fait usage de canons à eau et de grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants.

Lire aussi →La brutalité policière n'épargne pas les Nigérians

A l’origine des manifestations, la dénonciation des violences policières
A l’origine des manifestations, la dénonciation des violences policières Image : Kola Sulaimon/AFP/Getty Images

Appel au dialogue

Trois personnes ont été tuées et des voitures incendiées, selon la police.  Amnesty International signale que des dizaines d’hommes armés de machettes et de couteaux ont attaqué des manifestants.

Le ministre nigérian de la jeunesse Sunday Dare a déclaré que l’usage de la force était la dernière option.  "Il est temps de passer au dialogue. Vous devez mettre des revendications sur la table. Le gouvernement satisfait les revendications. Il est possible que vous ayez d’autres revendications. C’est seulement par le dialogue qu’on trouve une solution aux manifestations. Cela ne peut changer dans la situation actuelle.", a-t-il expliqué.  

M. Dare estime que "les Nigérians ont le droit de chercher quotidiennement de quoi survivre. S’ils en sont empêchés, cela augmente aussi l’insécurité."  

18 personnes dont deux policiers ont perdu la vie depuis le début des manifestations.

Le porte-parole de la chambre basse du Parlement a déclaré qu’il n’approuvera pas le budget fédéral 2021 de 34 milliards de dollars tant que cette loi de finances ne prend pas en compte des provisions pour indemniser les victimes des brutalités policières au cours des deux dernières décennies.