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La jeunesse nigériane dans la rue

Hugo Flotat-Talon | Avec agences | DW Haussa
16 octobre 2020

Depuis plus d'une semaine, les jeunes descendent dans la rue au Nigeria pour protester contre les violences policières.

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La dissolution annoncée de la Brigade spéciale de répression des vols (SARS) n'a pas suffi à calmer la contestation

Rien ne semble pouvoir les arrêter. La jeunesse nigériane se mobilise depuis plus d'une semaine maintenant contre les violences policières. Mobilisation en ligne, mais aussi, c'est rare, dans la rue. Des manifestations monstres ont lieu malgré les menaces de l'armée et la répression violente - parfois même meurtrière.

En cette fin de semaine, dans les cortèges, l'ambiance est détendue, pacifique... A Lagos, Abuja, Kano ou encore Kaduna, les jeunes crient sans relâche leur ras-le-bol contre les forces de l'ordre. "Tout se résume à la brutalité policière contre les civils !", explique Chika Kalu. "C'est la même protestation qu'ailleurs, mais sous un climat différent... Au Nigeria, nous ne parlons pas de l'arrestation de noirs par la police, comme c'est le cas avec les Black Lives Matter. Non, ici, ce sont des noirs contre des noirs, nos camarades contre nous."

Une vidéo pour déclencheur

Le déclencheur de la mobilisation est une vidéo où on voit un jeune tué par des présumés policiers de la Brigade spéciale de répression des vols, la SARS. Une unité de police décriée depuis des années pour sa violence et dont la dissolution a été annoncée dimanche dernier (11.10.2020) face à la contestation. Mais à Lagos et ailleurs les jeunes sont dubitatifs.

Lire aussi → Les violences policières au Nigeria et ailleurs en Afrique

"Des manifestants sont toujours tués par balle !", s'énerve un jeune homme. "Des manifestants sont toujours détenus pour avoir simplement exercé leurs droits humains fondamentaux ! Si on était vraiment sérieux quant à la réforme de la police, si le SRAS a vraiment pris fin, alors pourquoi voyons-nous encore ces formes de mauvaise conduite des policiers ?! Pourquoi voyons-nous encore ces violations flagrantes de nos droits humains fondamentaux ?"

L'armée s'est dite dès, jeudi, prête à faire "respecter la loi" face aux manifestants qu'elles considèrent comme des "fauteurs de troubles". Des menaces non dissimulées alors qu'Amnesty International comptabilise déjà deux morts et des centaines de blessés.

Stopper toutes les violences

Mais plus question de s'arrêter. Dans le nord du pays, à Kaduna, les manifestants demandent même une action généralisée contre l'insécurité. "Je suis là à cause des meurtres, des viols, du banditisme et ainsi de suite... La corruption aussi !", confie la jeune Rukayya"Je suis une Nigériane, je suis une citoyenne et terrorisée ! J'ai des gens autour de moi qui sont des victimes."

Comme Rukayya, les femmes sont d'ailleurs très actives dans le mouvement. Elles ont même collecté de l'argent pour venir en aide aux blessés des manifestations. Des stars internationales de la musique ou du football comme Kanye West ou Kylian Mbappé ont même apporté leur soutien aux manifestants. Ce jeudi (15.10.2020), le chanteur nigérian Femi Kuti est même venu leur dire son soutien à Lagos.