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Le gouverneur militaire du Nord-Kivu atteint par balle

La rédaction francophone
24 janvier 2025

Le gouverneur militaire du Nord-Kivu, général major Peter Cirimwami a été atteint par balle lors d'une descente sur le terrain ce jeudi. Différentes sources s'affrontaient sur son état réel, mort ou encore vivant.

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Peter Cirimwami, gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu en RDC (avril 2024)
Peter Cirimwami a été nommé gouverneur de la province du Nord-Kivu en septembre 2023Image : Wang Guansen/Xinhua News Agency/picture alliance

Dans l'est de la République démocratique du Congo, c'est toujours l'incertitude dans le rapport des forces entre l'armée congolaise et les rebelles du M23 que le Rwanda est accusé de soutenir.

Des combats étaient signalés toute la journée de jeudi (23.01.2025) dans la ville de Sake, située non loin de Goma, la capitale du Nord-Kivu. Jeudi soir, de sérieuses perturbations étaient signalées sur les réseaux mobiles. Elles persistaient encore ce vendredi matin.

C'est dans ces conditions que des informations ont circulé sur la mort présumée du gouverneur militaire du Nord-Kivu, Peter Cirimwami. Selon le M23, celui-ci aurait été grièvement blessé à Kasengezi alors qu'il se rendait sur la ligne de front. Une information qu'il était difficile à vérifier. Le gouvernement congolais n'avait en tout cas toujours pas communiqué sur cette situation. Des sources s'affrontaient encore dans l'après-midi, certaines donnant le gouverneur militaire pour mort, d'autres démentant cette version. Les sources concordent toutefois sur le fait que l'autorité militaire était dans un état critique.

Les députés locaux interpellent Kinshasa

C'est à Kinshasa, la capitale congolaise, que les députés du Nord et du Sud-Kivu se sont par ailleurs réunis jeudi pour condamner la percée des rebelles et dénoncer le soutien du Rwanda.

Ces députés appellent le gouvernement congolais à mobiliser tous les efforts nécessaires pour rétablir la paix et la sécurité dans ces deux provinces :

"Il est clair que la République démocratique du Congo à travers son gouvernement a l'obligation de pouvoir maintenir la sécurité partout sur le territoire et dans ce cadre là, on pourrait dire qu'il y a effectivement des lacunes car cela fait longtemps que l'insécurité dure", estime Patrick Salumu, député national, élu de la ville de Bukavu et premier vice-président du caucus des députés du Sud-Kivu. 

"Mais parler d'inefficacité serait réellement une exagération. Et ce que nous en tant qu'élu et moi personnellement je demande au gouvernement congolais c'est de pouvoir prendre des mesures d'abord d'ordre logistique, de doubler les efforts par rapport à ce qu'il y a sur le terrain."

Dans un camp de réfugiés dans l'est de la RDC
Anxiété, panique, psychose : les civils congolais sont à la merci des rumeurs qui circulent notamment sur les réseaux sociauxImage : Moses Sawasawa/AP Photo/picture alliance

Patrick Salumu met par ailleurs en garde contre les effets néfastes des réseaux sociaux :

"Pour ce qui est des échos que nous recevons sur le terrain, c'est plutôt beaucoup inquiétude, tantôt c'est la panique, tantôt on pourra même parler de psychose mais comprenez que tout cela est alimenté. Si vous allez sur les réseaux sociaux, vous voyez comment les nouvelles se propagent, il y a de quoi s'alarmer. Mais notre appel, notre invitation, c'est celle de demander à la population d'être vigilante, en même temps d'être vigilante dans la sérénité. Nous voulons que la population soit sereine, qu'elle puisse rester chez elle et les développements qui s'en suivront peut-être ce weekend et la semaine prochaine pourront nous en dire plus mais nous pensons que la victoire est du côté des forces loyalistes."

Antonio Guterres inquiet 

Jeudi, le secrétaire général de l'Onu a exprimé, via un communiqué, ses inquiétudes concernant la région et appelé "le M23 à cesser immédiatement son offensive, à se retirer de toutes les zones occupées et à respecter l'accord de cessez-le-feu du 31 juillet". Il appelle aussi "tous les acteurs à respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo et à mettre fin à toute forme de soutien aux groupes armés, qu'ils soient congolais ou étrangers"

Comment pacifier l'Est de la RDC ?

Des propos qui font réagir le député congolais Patrick Salumu : "Je ne sais pas si j'ai une très bonne mémoire mais je pense que le secrétaire général est toujours la même personne qui avait dit il y a quelques années, si pas quelques mois, que la Monusco ne pouvait pas faire face même dans son aide aux M23 parce qu'ils étaient suffisamment professionnels.

Donc, il y a déjà cet état d'esprit défaitiste ou alarmiste. Ce qu'on demande à la Monusco de pouvoir peut-être intervenir dans la limites de leurs capacités. On ne va pas leur demander d'intervenir plus que ce qu'ils peuvent.

Mais en même temps, aux Nations unies en général, particulièrement au Conseil de sécurité, on demande que finalement il y ait une sorte d'unanimité qui permettra de prendre la mesure du danger qu'il y a. S'il faut réellement éviter cette guerre régionale qui est crainte, c'est tout à fait question de pouvoir demander au Rwanda de soutien qu'il accorde au M23 et je ne pense que la République démocratique du Congo aura la tentation d'aller envahir le Rwanda juste parce qu'il faudrait maintenir une quelconque tension ou une guerre entre les deux pays."

Patrick Salumu estime par ailleurs que l'heure n'est pas au dialogue avec le M23. La meilleure chose, selon lui, serait d'inverser le rapport de force sur le terrain, "c'est cela qui pourra peut-être nous donner une sorte d'accalmie et de sortie de crise par rapport à cette situation".