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En RDC, la Monusco ne va pas se retirer tout de suite

Marcus Loika | Carole Assignon
18 décembre 2024

Le choix des autorités congolaises d'une transition graduelle et coordonnée en ce qui concerne le retrait de la Monusco soulève des questions.

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Un soldat de la Monusco tenant une arme
La Monusco devrait finalement encore rester un peu en RDCImage : Moses Sawasawa/AP Photo/picture alliance

En République démocratique du Congo, c'était une promesse de campagne du président Félix Tshisekedi : la mission militaire des Nations unies, la Monusco, devait se retirer avant la fin de l'année.  Mais les autorités congolaises ont entre-temps fait marche arrière et le mandat de la Monusco devrait être renouvelé le 19 décembre dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. Les autorités congolaises avancent la dégradation de la situation sécuritaire dans ces deux provinces pour justifier cette décision. Un changement de doctrine qui ne manque pas de faire réagir.

Éviter le vide sécuritaire

"Le gouvernement ne veut pas prendre une telle décision"

Une transition graduelle et coordonnée : c'est ce que souhaitent désormais les autorités congolaises concernant la mission de l'Onu en RDC. Un rétropédalage, alors qu'il est reproché à la Monusco son impuissance face notamment à l'avancée des rebelles du M23 dans le Nord-Kivu.

Pour l'auteur et expert des questions sécuritaires, Boniface Musavuli, il est récurrent d'assister au renouvellement du mandat de la Monusco en fin d'année, malgré les discours appelant à la fin de la mission onusienne. Car faire partir totalement les casques bleus serait exposer plus encore l'impuissance de l'Etat.

Selon lui "le gouvernement congolais ne veut pas prendre une telle décision compte tenu de la situation sécuritaire sur le terrain. Pendant que le territoire est en train d'être littéralement perdu par l'armée, progressivement, prendre une décision qui consisterait au départ d'une force internationale serait une façon d'acter un certain vide sécuritaire, ce qui serait difficile à expliquer dans l'opinion."

Dans l'est de la RDC, aussi bien le M23, soutenu par le Rwanda, que les rebelles des ADF, poursuivent leurs offensives en commettant des atrocités à l'encontre des populations civiles.

Des avis partagés

Certains habitants de Bunia, dans la province de l'Ituri, critiquent l'action de la Monusco, mais beaucoup sont rassurés par le fait qu'elle reste.

"En Ituri, la Monusco a encore un rôle important à jouer parce que le programme PDDR-CS (programme de désarmement et de réinsertion, ndlr) doit être accompagné de manière solide, de manière logistique, de manière même technique" assure un habitant pour qui "cela nécessite l'implication de manière directe de la communauté internationale. Donc la Monusco doit encore accompagner cette mission".

Réactions de quelques habitants à Bunia

"Pourquoi doit-on faire quelque chose plus de 20 fois ? Qu'est-ce qu'ils ont apporté jusque-là par rapport à la paix en RDC ?" s'interroge un autre. Il explique ne pas être d'accord par rapport au renouvellement du mandat de la Monusco, car il ne trouve pas "l'utilité et l'importance de cette force".

Pour un autre "le départ de la Monusco doit être ordonné et durable et que ce ne soit pas le cas comme aujourd'hui dans le Sud-Kivu". Ce dernier dit soutenir cette approche du gouvernement congolais et du Conseil de sécurité de renouveler le mandat de la Monusco, "parce que beaucoup reste encore à faire."

Pour l'heure, l'est de la RDC est toujours confronté aux attaques des groupes rebelles comme le M23. Une situation qui a déjà fait des milliers de morts et poussé des centaines de milliers d'autres à fuir leur domicile pour vivre dans des conditions difficiles dans des camps de réfugiés.

Marcus Loika Correspondant à Bunia en RDC pour le programme francophone de la Deutsche Welle@MarcusLoika
DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique