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RDC-Rwanda : la médiation angolaise va-t-elle réussir ?

Wendy Bashi
31 juillet 2024

Un accord de cessez-le-feu a été conclu entre Kinshasa et Kigali dans le conflit qui oppose l'armée congolaise à la rébellion du M23 appuyée par le Rwanda au Nord-Kivu, dans l'est de la RDC.

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 Félix Tshisekedi | João Lourenço | Paul Kagamé (photo d'illustration)
L'accord doit intervenir à la suite d'une trêve humanitaire de 15 jours qui arrivera à échéance le 3 août à 23H59 (photo d'illustration)

Depuis fin 2021, les forces armées de la RDC et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, selon les experts de l’Onu, s'affrontent dans le Nord-Kivu dans l’est de la RDC. De larges pans de la région sont aux mains des rebelles.

" Le Rwanda en signant l’accord de cessez-le-feu tacitement se présente comme un co belligérant" (Christian Moleka)

Justine Masika est activiste et vit dans la province du Nord Kivu. Elle estime qu’il y a trop d’hypocrisie dans ces différents processus de médiation, car, précise-t-elle, les parties prenantes au conflit ont trop d’intérêts et le bien-être de la population n'est pas leur priorité.
 
"La trêve a été proclamée, mais le problème que nous avons toujours dans ce conflit dans l’Est de la RDC et que les parties aux conflits ne respectent pas les accords qu’ils ont signés. Il y a toujours des papiers qui sont signés mais ils continuent la guerre et la population continue de mourir tous les jours."

En quoi est-elle différente du processus de Nairobi ?

Le politologue Christian Moleka rappelle que la trêve qui a été signée ce mardi et la médiation de Luanda s’inscrivent dans la démarche américaine via l’Angola de trouver une issue politique à la guerre dans l’Est de la RDC.

Il estime par ailleurs que comme plusieurs initiatives de paix, celle ci est limitée par le fait qu’il n’y a pas suffisamment d’éléments de pression qui peuvent s’exercer sur le Rwanda et que cette trêve ne s’appuie pas non plus sur un mécanisme clair de vérification.
 
"En signant l’accord de cessez-le-feu, le Rwanda se présente tacitement comme un co-belligérant parce que ne peut signer un cessez-le-feu que celui qui est en opération militaire. Donc sa signature conforte le fait que le Rwanda est acteur sur le terrain. Cependant, cette signature-là ne lie pas le M23 qui est le paravent militaire du Rwanda sur le terrain", rappelle Christian Moleka. 

"Autant le Rwanda peut signer le cessez-le-feu , autant le M23 peut s’en désolidariser, d’autant plus que le processus de Luanda n’intègre pas le M23 dans sa dynamique. Nairobi était ce deuxième dispositif qui offrait une issue politique au M23. On aura un processus qui rapprochera entre Kigali à Kinshasa sans prendre en compte le M23."

Pour Augustin Muhesi, qui enseigne les sciences politiques dans l’Est de la RDC, cette trêve est le résultat du ballet diplomatique de ces derniers mois dans la région. Il se dit optimiste mais prudent.

"Les gens qui se sont affrontés pendant longtemps, ce n’est pas en un jour qu’ils reviennent à de bons sentiments, mais c’est déjà un processus qui présente des analogies mais aussi des ruptures vis à vis de ce qui a pu se passer."

Respect des engagements ?

Le cessez-le-feu sera supervisé par le "mécanisme de vérification ad hoc", qui sera renforcé, a précisé Luanda, en référence au système de pacification déjà créé en réponse aux violences dans l’est de la RDC.


Joint par téléphone, un cadre de l'AFC, l'Alliance Fleuve Congo, alliance dont fait partie le M23, nous a dit ne pas se sentir concerné par ce qui a été signé à Luanda.