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Colère contre les autorités après des attaques ADF en RDC

Jean-Noël Ba-Mweze
25 juillet 2024

Dix-neuf personnes ont été tuées au Nord Kivu. Les habitants dénoncent l'impréparation et l'inaction des autorités.

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Des soldats des Forces de défense congolaises et des forces des Nations Unies circulent sur des véhicules militaires sur un chemin de terre
De nombreux habitants d'Oicha estiment que les militaires déployés dans la zone ne sont pas assez nombreux (image d'archives)Image : Al-hadji Kudra Maliro/AP Photo/picture alliance

De nouvelles attaques des rebelles ADF provoquent chagrin et colère des familles des victimes en République démocratique du Congo. Entre dimanche 21 et mardi 23 juillet, au moins dix-neuf personnes ont été tuées dans des villages situés près d'Oicha, dans la province du Nord Kivu. En plus des 19 corps retrouvés, la société civile parle de dizaines d'autres personnes portées disparues au cours de ces récentes attaques. D'autres corps seraient encore dans des champs non accessibles.

"Le gouvernement se fout de nous" 

Des soldats des Forces de défense congolaises enlèvent des sacs contenant des corps des victimes (non visibles sur l'image) d'une attaque près de la ville d'Oicha
Les attaques contre les civils sont récurentes dans la région (image d'archives)Image : Al-hadji Kudra Maliro/AP Photo/picture alliance

Ce jeudi, l'émotion était grande à la morgue de l'hôpital central de la ville. Des familles sous le choc sont passées une après l'autre pour identifier et récupérer les corps de leurs proches. Des cortèges funèbres empreints de tristesse mais aussi de colère. "Depuis dix ans, nous ne faisons que pleurer, et on ne sait plus quoi faire", confie un homme qui déplore "un gouvernement qui se fout" des habitants de la région. "Ce gouvernement ne s'inquiète pas de notre malheur, des Congolais sont tués chaque jour, mais il reste silencieux", ajoute une autre proche des victimes. "Nous sommes comme des brebis sans berger. Mon cœur est très triste, très triste."

Dieudonné Kakule a perdu son frère, tué dans son champ à Beu, un village proche d'Oicha. C'est lui-même qui est parti récupérer le corps au village et l'a déposé à la morgue, mercredi 24 juillet. "J'ai trouvé le cadavre de mon frère devant la porte de sa hutte, au champ", raconte-t-il, alors qu'il est venu ce jeudi récupérer le corps pour l'inhumation dans un cimetière familial. Ce frère endeuillé a aussi découvert cinq autres corps sur place. "Ceux de ses amis qui l'aident souvent à cultiver le champ." Son frère laisse quatre enfants orphelins. "Je ne sais pas comment ils vont survivre", souffle-t-il.

La société civile en appelle aux autorités

La société civile de Beni regrette que les services de sécurité n'aient pas tenu compte de ses recommandations. "Nous exprimons nos craintes quant aux dispositifs sécuritaires depuis longtemps", insiste Richard Kirimba, membre de la société civile. "Notre crainte était qu'on se concentrer sur la menace du M23 et que le groupe ADF profite de cela", explique-t-il encore, répétant son souhait de plus de sécurité et d'actions des autorités militaires. 

Un ancien député, élu de Beni, dénonce lui une faiblesse du renseignement militaire et des soldats trop peu nombreux à Béni. Il plaide pour l'élargissement des opérations militaires conjointes entre les armées congolaise et ougandaise à l'ouest de la ville , dans une zone plus éloignée de la frontière avec l'Ouganda, où sont concentrées, pour le moment, ces opérations menées par les deux pays depuis 2021.