L'avancée du M23 étonne Patrick Salumu, un député de l'UDPS
14 février 2025L'accélération de l'avancée des rebelles et la prise de contrôle de la ville aéroportuaire de Kavumu a surpris le député national Patrick Salumu, membre du parti Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) au pouvoir. Dans une interview qu'il a accordée à DW Afrique, le député élu de Bukavu pointe un dysfonctionnement dans le dispositif de défense de cette ville qui est la capitale du Sud-Kivu. Car selon lui, la ville de Kavumu sert de verrou de protection pour Bukavu.
DW : Comment expliquez-vous la rapidité avec laquelle la coalition AFC/M23 soutenue par le Rwanda arrive à prendre le contrôle de ces territoires ?
Patrick Salumu : Il y a quand même un étonnement. Les gens s'attendaient à ce qu'il y ait au moins des combats à Kavumu. L'aéroport de Kavumu est tombé sans combat, c'est qu'il y a forcément quelque chose qui ne tourne pas rond.
DW : Et qu'est ce qui ne tourne pas rond à votre avis ?
Patrick Salumu : En tout cas, dans la simplicité des choses, un militaire est fait pour combattre. Lorsqu'il ne combat pas, c'est qu'il n'est pas dans son rôle. Donc c'est anormal.
DW : Le président de la République, Félix Tshisekedi, en Allemagne, où il participe à la conférence sur la sécurité qui s'est ouverte ce vendredi à Munich, met en cause le rôle de la communauté internationale et critique un double standard. La communauté internationale n'assisterait pas la RDC. Est-ce que vous le voyez de cette même manière ?
Patrick Salumu : Ben oui, disons que, on attendait un peu plus de soutien de la part de la communauté internationale. Il aurait fallu plus de mesures pour encadrer cette situation pour qu'on n'arrive pas à cette dégénérescence.
DW : Et quel est votre message à l'endroit des populations qui vous ont élu et qui se trouvent actuellement à Bukavu et dans les autres endroits de la province du Sud-Kivu et qui vous écoutent ?
Patrick Salumu : Ils doivent être responsables en étant le plus possible à leur domicile, avoir beaucoup de retenue. Qu'ils ne cèdent pas à davantage de panique. L'essentiel est qu'ils soient à la maison jusqu'à ce que ce vent puisse passer.
DW : En tant qu'élu, on se serait attendu de votre part, d'appeler à la résistance et de ne pas accepter cette occupation rebelle.
Patrick Salumu : Il faut que l'on clarifie les choses. Il appartient à l'armée et à ceux qui se sont enrôlés, de pouvoir défendre la ville physiquement. Là, je m'adresse à la population.