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« Ça ne se fait pas, Monsieur le président »

14 décembre 2011

Le président allemand fait les gros titres pour une affaire de prêt qui lui a été accordé dans des conditions discutables. Christian Wulff a-t-il dépassé la limite entre sa fonction politique et son intérêt personnel ?

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Christian Wulff a succédé à Horst Köhler en juillet 2010Image : dapd

Les bureaucrates ne trouveront rien à redire à l'attitude du président fédéral, estime die tageszeitung. En effet, pas un paragraphe n'interdit aux responsables politiques d'emprunter de grosses sommes à des amis à des taux d'intérêt réjouissants. Mais Wulff n'est pas un bureaucrate, il est président. Il ne comprend visiblement pas la différence de taille qu'il y a là.

Flugzeug Airberlin
Le président est-il trop proche des dirigeants d'Air Berlin ?Image : AP

Des responsables politiques, la société exige un comportement exemplaire. La manière très personnelle que Wulff a de tracer la frontière entre politique et sphère économique n'a rien de nouveau. Il l'a déjà prouvé lors de ses vacances dans la villa du millionnaire Maschmeyer et avec les vols en classe affaire sponsorisés par le patron d'Air Berlin. En matière de business entre amis, Wulff est un récidiviste.

Pour Die Welt, ce n'est pas une honte, même pour un homme politique, d'avoir un besoin ponctuel d'argent. Mais lorsqu'on est ministre-président, puis président fédéral, les actes de bienveillance privés ne relèvent de la sphère privée que de manière relative. Christian Wulff aurait été bien avisé de révéler l'existence de cet emprunt lorsqu'il a été interrogé par le Parlement régional sur ses relations d'affaires avec Air Berlin et son patron.

Indonesien Bundespräsident Christian Wulff Präsident Susilo Bambang Yudhoyono
Début décembre lors d'une visite en Indonésie. Ici avec son homologue Susilo Bambang YudhoyonoImage : dapd

« Ça ne se fait pas, Monsieur le président » titre la Süddeutsche Zeitung. Le poste de ministre-président n'est pas n'importe quel poste, et celui de président fédéral encore moins. Le titulaire d'un tel poste ne devrait en aucun cas s'en servir pour en tirer un avantage personnel. Et ce n'est pas la première fois que Christian Wulff se montre imperméable à l'éthique de sa fonction. Et le journal poursuit : juridiquement parlant, on ne peut rien reprocher à Wulff. Mais sa charge exige plus qu'une honnêteté de façade. Elle exige de la pureté, de la bonne foi et de la respectabilité.

Le président fait à nouveau les gros titres, constate la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Pas pour avoir enfin trouvé le grand thème porteur de sa présidence, mais pour avoir, déjà en tant que ministre-président, gardé le silence quand il aurait mieux fait de parler. Les Allemands craignent pour leur argent et l'Europe. Le président, lui, se tait et voyage à travers le monde.

Auteur : Sébastien Martineau
Edition : Mireille Dronne