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Vu d'Allemagne solidaire de Thomas Iacobi

Hugo Flotat-Talon | Thomas Iacobi
22 janvier 2020

Thomas Iacobi, reporter pour le magazine Vu d’Allemagne, a été agressé dimanche par des manifestants fascistes. Il revient sur son agression dans ce magazine et nous écouterons un de ses reportages dans la capitale grec. À suivre aussi, évidemment, l’actualité en bref en Allemagne.

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L’histoire de ce dimanche 19 janvier 2020 ressemble à celle du 20 janvier 2019. Les deux fois notre confrère et collègue Thomas Iacobi couvrait une manifestation d’extrême-droite, caméra au poing. Les deux fois il a été agressé violement, frappé pendant plusieurs minutes. Thomas Iacobi réalise régulièrement des reportages pour Vu d’Allemagne et travail aussi pour le journal français la Croix et sur des documentaires.

Ce dimanche de début d’année 2020, quelque 370 manifestants, selon la Police, parmi lesquels des membres d'Aube Dorée, participaient à un rassemblement sur la place Syntagma, brandissant des banderoles contre "la colonisation de la Grèce par les islamistes". "Je filmais des vues générales de la manifestation, quand un groupe de jeunes, en partie cagoulés, est venu me demander si j’étais bien Thomas Iacobi", raconte aujourd’hui notre confrère dans Vu d’Allemagne. S’en suivront des coups violents pendant près de cinq minutes, avant l’intervention des policiers.

"Ne pas laisser la place aux fascistes"

La raison de ce déchainement de violences gratuit et lâche ? "Ils connaissent mon visage car j’ai été le co-écrivain du documentaire d’Angélique Kourounis sur Aube Dorée, « une affaire personnelle ». Pendant l’agression une dame a demandé pourquoi il s’est prenait à moi et ils ont répondu « que j’avais causé de grands dégâts »".

Thomas s’en est sorti avec beaucoup de sang sur le visage, des yeux au beurre noir et des douleurs diverses. Du matériel lui a aussi été cassé et volé. "Aujourd’hui je vais mieux, et dans quelques jours ça ira encore mieux", raconte-t-il. Pas question pour lui de changer ses activités ou son emploi du temps. "Il ne faut en aucun cas laisser la place aux fascistes. Même si on peut avoir peur, il faut canaliser celle-ci, la transformer de façon créative. On travaille en ce moment sur un nouveau film pour monter l'évolution de ce phénomène d'extrême-droite, qui n'est malhreusement pas que grec, mais aussi présent en Allemagne, en France ou en Europe", insiste-t-il. 

Un autre documentaire en préparation 

Thomas Iacobi et Angélique Kourounis ont par aillleurs, avant cette agression déjà, lancé un appel aux dons pour financer leur documentaire. Le premier, en date de 2061, est visible ici. Pour aider les deux journalistes cela se passe ici. 

Par ailleurs, la rédactrice en chef de la Deutsche WelleInes Pohl, l'Association de la presse étrangère (FPA) ou encore le directeur du journal français La Croix, Guillaume Goubert ont condamné cette agression. 

Le quartier Exarchia sous tension

Les policiers, ici en avril 2019, mutiplient les descentes dans la quartier Exerchia
Les policiers, ici en avril 2019, mutiplient les descentes dans la quartier ExerchiaImage : Imago Images/Zuma Press/P. Tzamaros

Toujours debout, Thomas Iacobi est aussi dans la seconde partie de Vu d'Allemagne. Pour un reportage (réalisé et prévu avant l'agression) à Athènes où on assiste à un tournant sécuritaire parfois violent à Exarchia depuis plusieurs mois. Exarchia c'est ce quartier contestataire de la capitale, connu pour ses squats d'extrême-gauche, antiautoritaires, son allure bohème et ses apparts étudiants depuis le 19ème siècle. Aujourd'hui le "retour à la normalité" proné par les conservateurs pendant la campagne législative de l'an dernier paraît s'y appliquer à marche forcée ! Exarchia semble être dans le collimateur des autorités.

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Trois infos de la semaine en Allemagne

Il se passe beaucoup de choses chaque jour dans le pays au seize Länder. Vu d'Allemagne a sélectionné pour vous trois infos à retenir depuis 7 jours.

Le jeudi 16 janvier a été un échec pour le ministre fédéral de la santé allemand Jens Spahn. Echec pour sa proposition en vue d'augmenter le nombre de dons d'organes. Les députés ont voté majoritairement contre sa proposition pour un consentement présumé. Tous les citoyens allemands auraient ainsi été considérés comme donneur d'office. On aurait pu directement, en cas de décès et quand c'est possible, prélever leurs organes, par exemple le coeur, le foie ou les reins pour les transplanter à des personnes malades. En revanche les députés ont voté POUR un "renforcement de l'information". Les citoyens allemands seront plus sensibilisés sur la question, dans les administrations ou chez leur médecin traitant par exemple. 

Quelques 9000 personnes attendent un don d'organe en Allemagne
Quelques 9000 personnes attendent un don d'organe en AllemagneImage : picture-alliance/blickwinkel/McPHOTO

Condamnation pour l'extrême-droite

"Il est clair que les accusés ont tous agi pour des motifs profondément racistes et qu'ils adhèrent aux idées du national-socialisme. Il y a également des résultats de recherche qui provuent clairement la position des accusés : des photos d'Hitler, des croix gammées ...". Ainsi s'exprimait le porte-parole du tribunal de Dresde dans l'Est de l'Allemagne Thomas Ziegler chez nos confrères de la télé allemande WDR. C'était à la fin du procès de six membres d'un groupe d'extrême-droite, la Freie Kameradschaft Dresden, vendredi 17 janvier.

Les six personnes ont été condamnées à des peines de prison, jusqu'à six ans fermes. Le procès durait depuis septembre 2017. Le groupe avait commis à plusieurs reprises des actes de violence contre des étrangers, de ses opposants et aussi des policiers. Un autre procès de membres du même groupe est toujours en cours. 

83,2 millions d'Allemands

Et puis l'info en Allemagne cette semaine c'est aussi la population à un niveau record ! 83,2 millions de personnes vivaient dans le pays en 2019 selon de nouveaux chiffres. C'est 200.000 de plus qu'en 2018 ... Et en partie grâce à l'immigration. En effet, depuis 1972, si la population augmente, c'est notamment grâce aux gens venus de l'extérieur. Sans ces migrations elle baisserait, car le nombre de décès dans la pays reste toujours supérieur au nombre de naissances. 

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