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Vote sur la constitution sous tension au Tchad

Blaise Dariustone
30 avril 2018

Le projet de modification doit être adopté ce lundi par l'Assemblée nationale à N'Djamena. Un vote décrié par l'opposition alors que de nombreux policiers sont déjà déployés.

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Tschad Gebäude der Nationalversammlung in N’Djamena
Image : cc by Ken Doerr 2.0

Ce projet de modification de la nouvelle constitution pour la 4e République voulue par le président Déby est très controversé et continue de susciter des vives réactions au Tchad. L'opposition et la société civile menacent d'empêcher les députés de voter ce texte, alors que des policiers sont déjà déployés en nombre ce lundi matin.

L'Eglise catholique exige de son côté que ce projet soit soumis à un référendum. Mais le pouvoir reste droit dans ses bottes et privilégie la voie parlementaire. 

Le Tchad est ainsi plus que jamais divisé entre d'un côté l'opposition, la société civile et l'Eglise catholique opposées à un changement constitutionnel par voie parlementaire et de l'autre, les partisans du président Déby qui refusent un référendum.

Disposant d'une majorité écrasante à l'Assemblée nationale, le parti au pouvoir, le Mouvement patriotique du salut (MPS), devrait voir son projet de réforme être adopté sans surprise. Les députés de l'opposition optent pour le boycott et ne devraient pas siéger à l'hémicycle jusqu'à l'adoption de la nouvelle constitution.

Präsident Tschad - Idriss Déby Itno
La modification de la constitution renforcerait les pouvoirs du chef de l’Etat. Image : UImago/Xinhua/C. Yichen

Déclaration de guerre

"Notre attitude a un double sens", explique Félix Nialbé, le porte-parole des députés de l'opposition. "Nous dénonçons les tripatouillages de la constitution de 1996 et aussi, nous refusons d'être complices de l'instauration de la féodalité dont Idriss Déby Itno entame le processus par son fameux régime présidentiel intégral." 

 

A lire aussi : Vers une pérennisation du pouvoir d’Idriss Deby?

 

Une position soutenue par la Coordination des partis politiques pour la défense de la constitution, la CPDC. Selon le porte-parole de cette coordination, l'adoption de cette nouvelle constitution contre la volonté populaire n'est rien d'autre qu'une déclaration de guerre.

"En prenant la décision de faire adopter sa constitution par l'Assemblée nationale contre la volonté de toute la population tchadienne, le président Idriss Deby Itno livre la guerre au peuple tchadien", critique Ali Gabriel Golhore. "Il faut que chacun de nous aujourd'hui se prépare à cette guerre."

Respect de la constitution

Tschad Straßenszene in Ndjamena
Le projet de Constitution de la IVe République avait déjà été adopté le 11 avril par le gouvernement. Image : DW/F. Quenum

Mais en face, le parti au pouvoir persiste dans son choix. "Il y a deux voies pour réviser la constitution, soit par référendum, soit par le parlement. Nous avons opté pour le parlement et beaucoup de gens ne connaissant pas notre constitution se demandent pourquoi on ne va pas au référendum", explique Kasssiré Koumakoye, président du Comité de suivi des conclusions du forum national inclusif.

Mais pour ce dernier, le MPS ne fait que respecter le droit. "La loi constitutionnelle nous dit : si vous n'avez pas la possibilité, vous avez des représentants à l'Assemblée nationale, c'est eux qui doivent décider du changement."

L'opposition et la société civile accusent la France, l'Union africaine, l'Union européenne et les Nations unies d'être responsables de la situation actuelle  que traverse le Tchad à cause de leur soutien au régime du président Déby. Ils appellent par ailleurs les Tchadiens à se rendre, dès ce lundi matin, à l'Assemblée nationale afin d'empêcher la tenue de cette séance.