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Vladimir Poutine super-tsar ?

11 mars 2020

Après le Parlement, le Sénat a adopté la réforme constitutionnelle qui pourrait permettre au patron du Kremlin de rester au pouvoir jusqu'en 2036.

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Vladimir Poutine devant la Douma, le Parlement russe
Vladimir Poutine devant la Douma, le Parlement russeImage : picture-alliance/Zuma/Kremlin/A. Nikolskyi

"Il veut être une sorte de président à vie" (Emmanuel Navon)

Vladimir Poutine pourrait rester au pouvoir jusqu’en 2036. C’est ce que prévoit une révision de la Constitution laquelle, si elle est adoptée, va remettre les compteurs à zéro et permettre au président russe, au pouvoir depuis 20 ans, de se présenter pour deux nouveaux mandats de six ans.

Les sénateurs russes ont en effet donné le ton ce mercredi (11.03) en validant à une majorité écrasante cette réforme. La veille, le Parlement avait déjà fait de même. L’opposition évoque pour sa part un "putsch".

Jeu de chaise musicale

Avant le vote, la présidente du Sénat Valentina Matvienko, a fait savoir que "Vladimir Poutine doit avoir le droit de participer à de nouvelles élections". Le texte actuel limitait à deux le nombre de mandats présidentiels.

Vladimir Poutine avait contourné cette disposition en cédant sa place pour un mandat, entre 2008 et 2012, à son premier ministre Dimitri Medvedev et en occupant lui-même, durant ce mandat transitoire, le poste de chef du gouvernement. Emmanuel Navon, professeur des relations internationales à l’université de Tel Aviv estime que Vladimir Poutine ne veut plus avoir recours à cette méthode :

"Il semble qu’il n’ait pas l’intention de remettre en place ce mécanisme et qu’il souhaite finalement être une sorte de président à vie, une sorte de tsar et que finalement il n’y ait pas de véritable opposition au Parlement russe pour empêcher cette espèce de coup d’Etat permanent."

En 2024, Vladimir Poutine aura achevé ses deux mandats de six ans et pourra donc se représenter.

Celui-ci a surpris en annonçant en janvier une réforme constitutionnelle aux contours flous.

L'opposant Alexeï Navalny critique la réforme constitutionnelle
L'opposant Alexeï Navalny critique la réforme constitutionnelleImage : Reuters/S. Zhumatov

Régime autoritaire

Selon Fabian Burkhardt, de la Fondation pour la science et la politique (SWP), Vladimir Poutine "donne le signal qu’il peut potentiellement se représenter en 2024". Il ajoute cependant que, si la révision est adoptée, la Russie sera encore plus à l’image des dictatures dans la région :

"La Russie était jusqu’ici une exception dans les pays post-soviétiques. Pendant longtemps, la Constitution n’a pas été touchée. Il y avait de légères modifications mais pas de changements complets dans la séparation des pouvoirs, à l’image des présidents autoritaires d’Asie centrale."

Emmanuel Navon affirme qu’il ne fait aucun doute que ce pas soit désormais franchi dans un pays où les voix critiques sont réprimées, où "le système judiciaire est soumis au pouvoir exécutif et les médias sont sous la férule du Kremlin."

Vladimir Poutine peut compter sur ses partisans et l'opinion publique du pays
Vladimir Poutine peut compter sur ses partisans et l'opinion publique du paysImage : DW/E. Barysheva

Il affirme par ailleurs que Vladimir Poutine continue à bénéficier du soutien de la population russe :

"Je pense aussi que cette mentalité russe, ce mélange de fierté nationale, de complexe d’infériorité, de paranoïa vis-à-vis de l’Occident, c’est aussi ce qui lui permet de maintenir sa position de force en manipulant l’opinion publique à son avantage."

Le texte de la réforme constitutionnelle doit encore être approuvé par les deux tiers des Parlements régionaux et soumis ensuite à un référendum le 22 avril.

"Il veut être une sorte de président à vie" (Emmanuel Navon)