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Les violences faites aux femmes ou la loi du silence

Ralf Bosen | Marco Wolter
25 novembre 2021

En Allemagne, une femme meurt de violences conjugales tous les deux jours et demi. Et ces violences sont en augmentation.

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Les violences conjugales en Allemagne sont souvent passées sous silence
Image : imago images/Sven Simon

Ce jeudi 25 novembre marque la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

"Battue et étranglée par son partenaire", "Gravement maltraitée par son mari", "Une médecin poignardée de 18 coups par son ancien partenaire" : voilà autant de gros titres qui illustrent le phénomène des violences conjugales en Allemagne. Le nombre de cas ne cesse d’augmenter d’année en année. 139 femmes sont ainsi mortes l’année dernière sous les coups de leur partenaire.

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Dans quatre affaires sur cinq, les femmes sont les victimes, que ce soit d’agression sexuelle, de harcèlement psychologique, de privation de liberté ou, dans le pire des cas, de meurtre. 

Pour Christina Lambrecht, la ministre allemande de la Famille, on parle trop souvent d’une simple tragédie familiale : "Ce n'est plus une tragédie familiale. Pour moi, la tragédie familiale, c'est quand une mère de trois enfants meurt d'un cancer. Mais quand un partenaire, un ex-partenaire, tue sa femme et des enfants ou est violent avec eux, ce n'est rien d'autre qu'un acte de violence. Et c'est comme cela qu'il doit être qualifié."

La ministre de la Famille Christine Lambrecht (à droite) présente le numéro d'aide pour les femmes victimes de violences conjugales
La ministre de la Famille Christine Lambrecht présente le numéro d'aide pour les femmes victimes de violences conjugalesImage : Michael Kappeler/dpa/picture alliance

Selon l’Office fédéral de la police criminelle, près de 120.000 femmes et 29.000 hommes ont été victimes de violences conjugales l’année dernière. Et encore, on serait très loin de la réalité.
90% des cas, notamment lorsqu’une personne a été blessée ou qu’elle subit une pression psychologique, ne seraient pas signalés à la police. L’Office craint que cette part d’ombre ait été particulièrement importante pendant le confinement dû au coronavirus.

Avoir le pouvoir

Ces violences touchent toutes les strates de la population, assure Lina Stotz, de l’organisation Terre des femmes en Allemagne : "On peut dire que de façon générale, les violences conjugales sont liées une volonté d’exercer un pouvoir sur l’autre. C’est la plupart du temps le cas chez des hommes qui veulent contrôler leur partenaire, décider pour elle ou disposer d’elle."

Ce graphique montre lévolution du nombre de femmes tuées par un partenaire ou ex partenaire en Allemagne chaque année.
Ce graphique montre lévolution du nombre de femmes tuées par un partenaire ou ex partenaire en Allemagne chaque année.

Les féminicides se produisent ainsi souvent après une séparation, lorsque la femme quitte l’homme, où lorsqu’une séparation se profile.

Statistiquement, chaque jour qui passe en Allemagne, un homme aura tenté de tuer sa femme. Et tous les deux jours et demi, une femme finit par mourir sous les coups de son partenaire ou ancien partenaire. L’an dernier, 139 femmes ont ainsi été tuées.

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Selon la sociologue Monika Schröttle, le fond du problème est que les rapports entre les sexes n'ont pas beaucoup changé : "Nous n’avons toujours par une acceptation de l’égalité entre les sexes et du vivre ensemble sur un pied d’égalité, notamment dans la tête des garçons et des hommes, où la masculinité est toujours encore associée au fait de se considérer différent des femmes et d’être supérieur à elles."

L’Allemagne est loin d’être un cas à part en Europe. L’European Observatory on Femicide cite l’Espagne comme seul pays du continent où l’on constate un "faible recul des féminicides".

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Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais