Une transition difficile s'ouvre en Guinée-Bissau
10 janvier 2012En Guinée-Bissau comme dans bien des pays du continent, c'est au président de l'Assemblée nationale qu'il revient d'assurer la vacance du pouvoir en cas de décès ou d'empêchement du chef de l'Etat. Depuis lundi donc, c'est Raimundo Pereira, président du Parlement, qui tient les rênes du pouvoir à Bissau. Et comme le stipule la constitution, il dispose de 60 jours pour organiser un nouveau scrutin présidentiel. Un délai qui, pour beaucoup d'observateurs, paraît peu raisonnable. Fafali Koudawo professeur à l'université de Bissau :
« Dans les conditions actuelles de la Guinée-Bissau, ce ne sera pas facile car le pays n'a pas les fonds nécessaires pour organiser une élection rapide transparente et acceptée par tous. C'est un grand pari difficile à tenir. Donc il y a un grand péril sur la transition actuelle, sa durée et ce qui pourrait se passer. »
Craintes d'un nouveau coup militaire
Ce qui pourrait se passer et que l'on redoute, c'est une nouvelle intrusion de l'armée sur la scène politique. A Bissau, les interventions militaires dans le débat politique ne se comptent plus et cette nouvelle transition pourrait être l'occasion pour les militaires de faire à nouveau parler d'eux. Fafali Koudawo :
« Il y a des risques de collusion entre militaires interventionnistes et politiques qui désirent aussi arriver au pouvoir par des voies non constitutionnelles. C'est pour cela que la Guinée-Bissau entame une période délicate qui fait que l'on est préoccupé. »
Et c'est pour mettre un terme à l'intrusion de l'armée sur la scène politique que le défunt président avait entrepris, avec l'appui de partenaires internationaux, de réformer les forces armées bissau-guinéennes. Une réforme qui piétine toujours, faute de financement :
« Cette question n'est pas résolue parce que le pays na pas mis à disposition les fonds nécessaires pour indemniser et insérer les militaires qui sont à démobiliser. La Cédéao aussi a promis des fonds qui ne sont pas encore disponibles. »
Climat d'inquiétude
De nombreux Bissau-guinéens sont inquiets après la mort de Malam Bacaï Sanha. Et ils ne sont pas les seuls. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dit pour sa part espérer que les modalités de succession prévues dans la constitution seront pleinement respectées. Reste à savoir s'il sera entendu sur place à Bissau. Un Collectif de quatorze partis d'opposition vient d'annoncer qu'il refusait que le président de l'Assemblée nationale, Raimundo Pereira, assure l'intérim du pouvoir.
Auteur : Georges Ibrahim Tounkara
Edition : Marie-Ange Pioerron