Une goutte (de pétrole) sur le feu de la crise
23 juin 2008Commençons par le sommet informel de Djeddah que Die Welt commente ainsi : l'espoir était grand que Ryad et d'autres membres de l'OPEP utilisent ce forum pour annoncer une hausse sensible de leur production d'or noir. Un signal suffisamment fort pour faire la pièce aux spéculateurs, voire les chasser de ces marchés sensibles. Rien de tout cela pourtant, regrette le quotidien. Ryad s'est contenté de confirmer les capacités actuelles, d'exiger plus de transparence ainsi qu'un fonds d'aide pour les pays les plus pauvres. C'est trop peu.
C'est surtout beaucoup de kérosène pour rien, ironise la Tageszeitung. Avec des représentants de 36 pays et 22 groupes pétroliers pour de vagues déclarations, la montagne a accouché d'une souris. Le quotidien de Berlin revient, comme d'autres grands journaux aussi, sur la crise interne du SPD après que Kurt Beck a déclaré la guerre aux critiques venant de son propre parti.
C'est un homme honnête certes, juge la Frankfurter Rundschau, un bon chef de gouvernement de province, un serviteur loyal du parti, mais ce n'est pas un chancelier, pas même un candidat à la chancellerie. Chef de parti ? Oh, il peut encore le rester un peu... ne serait-ce qu'en raison de l'absence de candidat à ce poste.
Un constat que la Frankfurter Allgemeine Zeitung exprime en ces termes : le patron du SPD au bord de la crise de nerfs. Certes, Kurt Beck a commis des erreurs. Il en a également reconnu certaines. Mais il ne peut plus effacer la plus lourde d'entre elles : son abandon de l'Agenda 2010 lors du congrès du SPD en octobre 2007, à Hambourg. Et lorsque cette erreur en a entraîné une seconde - la main tendue à la gauche radicale de Die Linke - son destin a été définitivement scellé.
A propos de destin, celui de l'opposition zimbabwéenne fait aussi la Une de la Süddeutsche Zeitung. Le pays va sombrer encore un peu plus mais ce retrait de l'opposition va du moins retirer à Mugabe son masque de démocratie. Si le dictateur se déclare vainqueur, il perdra alors toute crédibilité aux yeux de ses derniers alliés africains qui seront bien forcés de constater l'illégitimité de son pouvoir. Ils devront alors entrer en résistance contre Harare et refuser d'être les complices silencieux d'un tyran.