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UA : trois candidats pour succéder à Moussa Faki Mahamat

3 janvier 2025

Le Djiboutien Mahamoud Ali Youssouf, le Kényan Raila Odinga et le Malgache Richard Randriamandrato ont d’ores et déjà entamé leur campagne.

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Sommet de l'Union africaine
Les pays membres de l'Union africaine doivent désigner le prochain présidnt de la Commission de l'UA, en février 2025.Image : Solomon Muchie/DW

Il est sans doute le plus connu des trois candidats au poste de président de l'Union africaine : l’opposant et ancien Premier ministre kényan, Raila Odinga, âgé de 79 ans. Lors d’un débat télévisé avec ses deux autres concurrents, le 13 décembre dernier, Raila Odinga s'est engagé à collaborer avec les dirigeants africains pour obtenir deux sièges permanents pour le continent au Conseil de sécurité des Nations unies.

Raila Odinga estime que la représentation de l'Afrique, assortie d'un droit de veto, n'a que trop tardé et qu'elle est essentielle pour assurer l'équité sur la scène internationale."Il est inacceptable que ce continent de 1,4 milliard d'habitants soit exclu alors que l'Europe détient trois sièges permanents", affirme Raila Odinga, en évoquant la France, le Royaume-Uni et la Russie, dont les trois-quarts du territoire sont en Asie.

Raila Odinga au siège de l'Union africaine à Addis Abeba
L'opposant kenyan part favori pour conduire la Commission de l'Union africaine à partir de 2025Image : Simon Maina/AFP/Getty Images

Il s'est également engagé à donner la priorité à l'éducation, aux soins de santé, au développement des infrastructures et au commerce intra-africain. L'Afrique, dit-il,doit financer sa propre paix et cesser de dépendre des puissances étrangères.

Sécurité et stabilité

Mahamoud Ali Youssouf, 58 ans et ministre des Affaires étrangères de Djibouti depuis 2005, s'est engagé à renforcer la sécurité régionale et à favoriser l'unité au-delà des clivages linguistiques et culturels en Afrique.

Mahamoud Ali Youssouf au Caire en Egypte
Le ministre djiboutien des affaires étrangères et son homologue égyptien au Caire en Egypte lors de la conférence de la Ligue arabe.Image : Reuters/A. Abdallah Dalsh

Il estime que les Africains doivent prendre en charge le programme de paix et de sécurité en Afrique, car le soutien étranger a entravé les progrès durables. Le manque de volonté politique est un obstacle majeur à l'instauration d'une paix durable, selon lui "Notre Conseil de paix et de sécurité n'est pas proactif. Il réagit aux crises lorsqu'elles se produisent. Il faut que cela change", a-t-il déclaré.

"Les forces africaines en attente sont sous-utilisées et, faute de ressources, obligées de compter sur l'Union européenne et d'autres partenaires étrangers", affirme le Djiboutien, dont le pays accueille pourtant de nombreuses bases militaires étrangères.

Croissance économique

Quant à Richard Randriamandrato, il dit vouloir libérer le potentiel économique de l'Afrique. L'ancien ministre malgache des Affaires étrangères s'est engagé à prendre des mesures progressives en vue d'une libéralisation totale du commerce, afin de garantir une croissance économique inclusive.

Selon Richard Randriamandrato, le commerce intra-africain est faible (12,6 % seulement de l’ensemble des échanges sur le continent) et accuse un retard considérable par rapport à des régions comme l'Union européenne.

Richard Randriamandrato
Le Malgache Richard Randriamandrato est aussi un diplomate coriace qui compte résoudre les questions de stabilité des États et de crises multiformes. Image : JONATHAN HORDLE/AFP

"Je suis économiste et financier. Tout d'abord, pour développer l'économie au niveau continental, nous devons développer le commerce par le biais de la libéralisation", a déclaré M. Randriamandrato, lors du débat qui a réuni les trois candidats.

Richard Randriamandrato estime également qu'il est nécessaire de renforcer les blocs économiques régionaux et de réduire l'influence étrangère dans les affaires de sécurité de l'Afrique.

Le choix des pays membres

Pour être porté à la tête de la Commission de l'Union africaine, le candidat doit obtenir  une majorité des deux tiers des 55 Etats membres de l'organisation, un exploit qui nécessite souvent des alliances régionales et des négociations stratégiques.

Edgar Githua, expert en diplomatie, a déclaré à la DW que, lors du débat électoral, Mahamoud Ali Youssouf et Raila Odinga sont apparus comme les favoris dans la course à la présidence de la Commission de l'UA. "Raila Odinga a essayé de donner une bonne image de lui-même, mais il est vrai que le candidat djiboutien s'est montré très fort, très persuasif", a déclaré M. Githau à la DW.

Edgar Githua pense que des facteurs culturels et religieux pourraient également favoriser  Mahamoud Ali Youssouf. "Je suis le seul candidat capable de faire la passerelle entre les différentes régions de l'Afrique, étant francophone, mais également anglophone et arabophone", avait assuré, en juillet lors d'un entretien à l'AFP, Mahamoud Ali Youssouf.

La présidence de la Commission est réservée, pour le futur mandat, à un représentant de l'Afrique de l'Est. L'élection aura lieu en février, lors du prochain sommet de l'UA. 

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle