Présidentielle en Turquie : stop ou encore pour Erdogan ?
13 mai 2023Quatre candidats sont en lice pour les élections présidentielles de ce dimanche mais tout devrait se jouer entre le président sortant, Recep Tayyip Erdogan, 69 ans, et Kemal Kiliçdaroglu, 74 ans, président du Parti républicain du peuple et candidat de l'Alliance nationale qui réunit six partis de l'opposition.
De nombreux sondages placent en tête Kemal Kiliçdaroglu, ce qui rend Erdogan et son camp de plus en plus nerveux.
"Nous n'allons pas laisser le destin de la République turque entre les mains d’un seul homme et personne n'acceptera les paroles d’un seul responsable", repète sans cesse, Kemal Kiliçdaroglu, pour qui, il faut en finir avec l'exercice solitaire du pouvoir.
Depuis qu'il a pris la présidence du CHP, fondé par le père de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Atatürk, il a transformé la ligne du parti en gommant notamment son image très laïque.
Fin 2022, il a ainsi proposé une loi pour garantir le droit des femmes turques à porter le foulard, offrant des gages à l'électorat conservateur.
Les détracteurs du président Erdogan lui reprochent d'avoir taillé l'appareil d'Etat à sa mesure et d'avoir renforcé ses pouvoirs. Quant au Parlement, il ne serait qu'une caisse d’enregistrement.
Recep Tayyip Erdogan promet, lui, une Turquie toujours forte.
"Nous ne permettrons pas que les relations de voisinage, la fraternité et les liens de citoyenneté entre nos 85 millions d'habitants soient sapés. Nous construirons le siècle de la Turquie avec vous, épaule contre épaule. C'est avec vous que nous ouvrirons la voie à une Turquie grande et puissante".
Paysage politique
Quatorze partis politiques sont représentés au Parlement qui compte 600 sièges.
Trois alliances électorales devraient jouer un rôle décisif dans les élections législatives : l'"Alliance du peuple" d'Erdogan, l'"Alliance de la nation" du principal bloc d'opposition et l'"Alliance pour le travail et la liberté" dirigée par le parti pro-kurde HDP.
Outre l'AKP, l'Alliance populaire d'Erdogan comprend depuis des années les partis ultranationalistes MHP et BBP. Récemment, "Le nouveau parti du bien-être", issu de l'idéologie islamiste Milli-Görüs, a également rejoint l'alliance.
La plus grande alliance d'opposition se compose à son tour de six partis issus de spectres politiques très différents. Leur candidat à la présidence, Kemal Kiliçdaroglu, qui a réussi à les réunir, jouit du respect d'une grande partie des critiques du gouvernement.
Le système présidentiel
Selon les chiffres officiels, plus de 64,1 millions de personnes auront le droit de vote lors des élections de ce 14 mai.
Plus de 3,4 millions d'entre elles vivent à l'étranger où le vote a déjà commencé le 27 avril.
En raison des graves tremblements de terre de février et du mois de jeûne du Ramadan, la campagne électorale a cette fois-ci démarré tardivement.
Erdogan mène plutôt sa campagne électorale avec des inaugurations de grands projets d'Etat, comme la présentation du premier porte-avions ou l'inauguration de la première centrale nucléaire sur le sol turc grâce à la technologie russe. Mais il n'hésite pas non plus à faire des apparitions dans les cours de mosquées.
Depuis sa création en 1923, la République turque était, selon sa Constitution, une démocratie parlementaire. Mais cela a été modifié par le président Erdogan. Les élections de 2018 ont permis d'introduire le système présidentiel. Depuis lors, le président est le chef de l'Etat, il est également à la tête du gouvernement car le poste de Premier ministre n'existe plus.
Le président de la République est élu directement par le peuple pour cinq ans.