Trois condamnations au procès Mahé
7 décembre 2012Le colonel Eric Burgaud, qui avait transmis l'ordre de tuer le "coupeur de routes" Firmin Mahé, est condamné à cinq ans avec sursis, l'adjudant-chef Guy Raugel, qui l'a étouffé avec un sac plastique, à quatre ans avec sursis, et le brigadier-chef Johannes Schnier, qui le maintenait, à un an avec sursis. Le brigadier Lianrifou Ben Youssouf, qui conduisait le véhicule blindé où se sont déroulés les faits, a été acquitté. Le prononcé du verdict a été accueilli par des cris de protestation des Ivoiriens présents dans la salle. "Scandaleux", "honte à la France", ont-ils lancé.
Mais à Abidjan, l'intérêt pour ce procès n'a jamais été important. Même dans la presse ivoirienne, peu de lignes sur l'affaire Mahé. Considéré par les militaires français et une partie de la population comme un dangereux bandit dépouillant les voyageurs, Firmin Mahé sévissait dans la “zone de confiance”, située à cette époque dans l'ouest du pays. Pour certains ivoiriens comme Théodore Sama la France devrait décorer les militaires plutôt que les condamner.
L'une des sœurs de la victime, rencontré à dans le quartier de Yopougon et qui a souhaité garder l'anonymat, estime qu`il y a sans doute eu confusion entre Firmin Mahé et un homonyme, Nestor Mahé, qui se faisait appeler "Zas" et qui a été arrêté à la même époque. Elle demande simplement que justice soit rendue pour le repos de l'âme de son frère.
Mettre un terme à l'impunité
Certains fustigent en revanche la tenue de ce procès à l'extérieur des frontières ivoiriennes. Et pour René Légré de la ligue ivoirienne des droits de l'homme, cette affaire est une belle illustration pour tous ceux qui ont commis des crimes en Côte d'Ivoire pendant toutes ces années de crises.
De l'avis de certains observateurs, la justice ivoirienne doit suivre l'exemple de la France afin de mettre un terme à l'impunité. L'avocate générale a requis jusqu'à cinq ans de prison ferme. Le verdict doit être rendu ce vendredi