Tout juste arrivé et déjà une controverse
4 mars 2011En Allemagne, un jeune islamiste kosovar a abattu mercredi dernier deux soldats américains et en a blessé deux autres grièvement à l’aéroport de Francfort. Un fait divers qui a relancé indirectement le débat récurrent sur la place des musulmans et de l’islam dans la société allemande.
Et c’est dans ce contexte qu’une déclaration du nouveau ministre de l’Intérieur, Hans-Peter Friedrich, fait des vagues.
Quelques heures seulement après sa nomination, le ministre conservateur a tenu à contredire le président de la République Christian Wulff qui, récemment, avait déclaré que l’islam fait partie intégrante de l’Allemagne :
« Je pense que les gens de foi musulmane qui vivent ici sont naturellement des citoyens de ce pays et qu’ils font partie de ce pays, mais que l’'islam fasse partie de l’Allemagne [est un fait qui] ne se laisse prouver nulle part dans l’Histoire... »
Réaction immédiate du Conseil central des musulmans en Allemagne, qui déclare que le ministre se refuse à accepter la réalité. Le président du Conseil, Aiman Mazyek, a rappelé que l’Europe avait toute une série de relations historiques indéniables avec l’islam. Les déclarations du ministre de l’Intérieur ont aussi suscité des critiques non seulement de la part de partis de l’opposition, des sociaux-démocrates et des Verts, mais aussi du FDP, le parti libéral, partenaire de la coalition gouvernementale à Berlin.
Le maire de Berlin, le social-démocrate Klaus Wowereit a dénoncé le fait que, par ses propos, Hans-Peter Friedrich tenterait d’isoler l’islam. Quant au responsable des Affaires intérieures au sein du FDP, Hartfrid Wolff, il estime qu’au lieu de lancer des débats sur l’Histoire, il vaudrait mieux s’occuper de la réalité actuelle :
« Et dans la réalité , l’islam fait partie intégrante de l’Allemagne. Et je crois que mener des débats historiques ne nous fait pas avancer, parce que nous voulons intégrer et non pas séparer. Et nous ne voulons pas mener là des discussions inutiles... »
Il faut faire le distinguo entre musulmans modérés et extrémistes, a déclaré de son côté le chrétien-démocrate Wolfgang Bosbach. Mais « la liberté de religion ne donne pas le droit de faire ce qu'on veut. Quiconque prêche la haine en Allemagne doit quitter le pays », a ajouté le responsable de la commission des Affaires intérieures au Bundestag, qui réagissait ainsi à la fusillade sur l'aéroport de Francfort. Le conservateur estime que l’Allemagne est trop tolérante envers les extrémistes et qu’il faut revoir la législation sur le séjour des étrangers. Un avis qui divise les partis politiques en Allemagne.
Auteur : Philippe PognanEditeur : Fréjus Quénum