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Lutte contre le terrorisme, quelle stratégie adopter?

Noël Tadégnon
19 octobre 2023

Alors que la coopération pour lutter contre la piraterie semble être efficace, pourquoi les États de la Cédéao ne s'inspirent pas de ce modèle pour lutter contre le terrorisme ?

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Des soldats avec leurs armes
Transposer le modèle de coopération anti-piraterie à la lutte contre les groupes djihadistes semble encore difficileImage : Issouf Sanogo/AFP

Les marines des pays du Golfe de Guinée coopèrent depuis 2018 pour lutter contre la piraterie. Une action conduite en parallèle avec l'opération Corymbe de la marine française, qui existe pour sa part depuis 1990. Ce travail en commun a entraîné une diminution importante des actes de piraterie. Mais transposer ce modèle de coopération à la lutte contre les groupes djihadistes semble encore difficile, tant les enjeux sont d'une autre dimension. 

Une lutte plutôt efficace contre la piraterie

" Il y a beaucoup de menaces, il y a la piraterie maritime, l'immigration, des trafics en tout genre et toutes ces menaces ont des conséquences sur l'économie des pays. Et cela est aussi préjudiciable à nos peuples et à la stabilité de nos nations ". Ces propos du capitaine de frégate, Atatoum Babaté, chef d'état-major de la marine nationale togolaise, souligne l'ampleur des trafics dans la golfe de Guinée, une zone où le commerce maritime représente plus de 80% des échanges commerciaux. 

Selon Abdouramane Dieng, chef de la division sécurité régionale à la Commission de la Cédéao, responsable de la sécurité maritime, les actes de piraterie seraient en forte baisse depuis 2020, où 60 incidents avaient été recensés.

Selon lui depuis que les efforts sont coordonnés, qu'on a augmenté les exercices et les patrouilles, cette sécurité est maîtrisée. "De 60 par an (en 2020), nous sommes tombés à 15 (en 2021). Cette année-ci, on note moins de cinq incidents survenus au premier trimestre de 2023" précise-t-il. 

Pour Edem Kokou Tengue, ministre togolais de l'Economie maritime, de la pêche et de la protection côtière, la communication entre les marines est capitale dans la lutte contre la piraterie. 

"Ce qui est efficace en mer, peut ne pas l'être sur terre"

"Le partage d'information est important, parce qu'en matière de piraterie maritime, souvent les criminels passent des eaux territoriales d'un pays à un autre. Il faut que les chefs d'état-major puissent se transmettre les informations sur ces criminels afin de mieux les appréhender, afin de les faire répondre de leurs actes devant les juridictions" explique le ministre.

Un modèle à suivre? 

On peut se demander pourquoi les Etats de la région ne s'inspirent alors pas de ce succès pour lutter contre le terrorisme, un autre fléau auquel fait face la sous-région.

Michel Douti est expert en sécurité et il estime toutefois que la méthode n'est pas transposable. Selon lui"ce qui est efficace en mer, peut ne pas l'être sur terre".

Michel Douti rappelle néanmoins l'existence d'une action similaire en matière de lutte contre le terrorisme : l'initiative d'Accra, qui réunit les pays du Golfe de Guinée auxquels se sont joints le Mali, le Niger, le Burkina et le Nigeria, et dont l'une des stratégies d'action est le partage du renseignement.

Il explique ainsi qu'il y a "une conjonction de facteurs de vulnérabilité que nous avons sur la terre qu'on ne retrouve pas en mer."

Michel Douti cite le recul des institutions étatiques dans certaines régions, où les populations se sentent oubliées, ou bien réprimées par des régimes autoritaires.

Cette situation crée un divorce entre les populations et l'Etat et ces rapports distendus, auxquels s'ajoutent l'absence d'emplois et de perspectives économiques, profitent aux groupes terroristes, déplore Michel Douti.