Thomas Kwoyelo "déçu" du verdict de la justice ougandaise

La Division des crimes internationaux (ICD) siégeant dans la ville de Gulu (nord de l'Ouganda) devrait annoncer dans un délai d'une semaine, la peine à laquelle elle condamne Thomas Kwoyelo. Ce jugement sera le premier prononcé pour meurtres, esclavage, pillage, enlèvement, viols, torture, par une juridiction d'Ouganda contre un responsable de la LRA, mouvement de guérilla fondé dans le pays dans les années 1980 qui a semé la terreur en Afrique centrale durant une trentaine d'années.

Thomas Kwoyelo est le premier membre de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) à devoir répondre de ces actes devant la justice de son pays.

Accusé "déçu"

Durant les plus de deux heures de lecture du jugement, l'accusé, vêtu d'un costume sombre assorti d'une cravate et d'une pochette rouges, est resté le plus souvent impassible, secouant occasionnellement la tête en signe de désapprobation.

Irene Winnie Anying, responsable pays pour l'Ouganda au sein de l'ONG Avocats sans frontières a suivi le procès. Elle a même assisté à l'audience de ce mardi (13.8.2024) au tribunal de Gulu. "A l'énoncé du verdict, l'accusé a semblé déçu", explique-t-elle. 

"Certes, il a été reconnu coupable de 44 chefs d'accusation sur les 78 retenus contre lui. Mais Kwoyelo était un commandant de bas niveau au sein de la LRA, et il était chargé de soigner les blessés de la milice. C'est ce qu'il a toujours déclaré. Par ailleurs, il a été contraint de rejoindre la LRA vers 1978 : des membres du groupe l'ont enlevé sur le chemin de l'école, alors qu'il était âgé de 12 ans environ", précise Irene Winnie Anying. 

Après le verdict, la question de la réparation

Thomas Kwoyelo est le premier ancien commandant de la LRA à être jugé pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité en Ouganda. Avant lui, seul Dominic Ongwen, autre ancien enfant-soldat de la LRA, a été condamné par la justice pour ses crimes au sein de la LRA – mais Dominic Ongwen, lui, a été jugé par la CPI. Et, d'après Irene Winnie Anying, cela fait une différence.

"Dans le cas de Dominic Ongwen, il est clair qu'après le verdict, des réparations ont été ordonnées pour les victimes qui ont souffert. Dans le cas de Kwoyelo, l'Ouganda ne dispose pas de loi sur les réparations. De nombreuses questions restent donc sans réponse dans le cas de Thomas Kwoyelo. Bien sûr, un verdict de culpabilité a été prononcé. La sentence sera précisée plus tard. Nous attendons donc tous avec impatience de voir quelles seront les décisions du tribunal en ce qui concerne sa condamnation - la peine - mais aussi les victimes : que va-t-il se passer pour elles, puisque nous n'avons pas de loi qui traite, par exemple, des réparations !", estime la responsable pays pour l'Ouganda au sein de l'ONG Avocats sans frontières.

Le juge ougandais Michael Elubu a indiqué mardi que la peine serait précisée "au plus tard mardi prochain" dans le procès Kwoyelo.