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Tension politique en Tunisie

28 juin 2011

Les islamistes du parti Ennahda ont claqué la porte de la commission chargée des réformes politiques. Ceci dans un contexte rendu déjà tendu par le report au 23 octobre des élections de l'assemblée constituante.

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Le président du parti islamiste Ennhada, Rachid Ghannouchi, est rentré en Tunisie après 20 ans d'exil à Londres
Le président du parti islamiste Ennhada, Rachid Ghannouchi, est rentré en Tunisie après 20 ans d'exil à LondresImage : picture alliance/abaca

Les élections initialement prévues pour la fin juillet ont en effet été reportées de trois mois. Officiellement pour permettre au pays de s'organiser. La mise sur pied d'élections prend du temps et ceci d'autant plus que la Tunisie compte désormais officiellement près de 80 partis politiques. Cela s'appelle découvrir la démocratie… Mais le report des élections n'a pas du tout satisfait le parti islamiste Ennahda. Car celui-ci est sans doute le mieux organisé du pays et le seul qui soit prêt à affronter les élections. C'est un parti moderne qui a désormais pignon sur rue et donc le report des élections a agacé Ennahda.

Hier, le chef du parti, Rached Ghannouchi, a donc ajouté à la tension politique en annonçant que sa formation se retirait de cette instance. Rached Ghannouchi accuse le président de la commission chargée des réformes politiques, le juriste Ben Achour, de prendre des décisions sans concertation.

Cinq mois après la révolution, l'armée est toujours présente dans les rues de la capitale Tunis
Cinq mois après la révolution, l'armée est toujours présente dans les rues de la capitale TunisImage : DW

Mikado politique

Le parti Ennahda n'est d'ailleurs pas le seul à critiquer cette commission qui ne fait pas l'unanimité en Tunisie. Un autre grand parti tunisien, le Parti démocratique progressiste, le PDP, a estimé que cette instance n'était pas représentative. Le PDP est avec Ennahda, la formation créditée des pourcentages d'intentions de vote les plus élevés pour les élections d'octobre. Il s'agit d'un parti de tendance sociale-démocrate.

Mais encore une fois, beaucoup de choses sont en train de changer en Tunisie. La photo du leader du PDP, Ahmed Néjib Chebbi, est visible en ce moment un peu partout sur les murs de Tunis ou à l'arrière des bus. Les moyens financiers déployés par le PDP – à l'image de ceux d'Ennahda – laissent perplexes les observateurs car personne n'est en mesure de dire qui finance ces partis. Comme souvent dans ces périodes de naissance de la démocratie après la chute d'une dictature, il suffit de gratter un peu pour retrouver la trace de l'ancien parti présidentiel. Officiellement dissous il y a quatre mois, le RCD, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique, l'ancien parti de Ben Ali, continue à tirer un certain nombre de ficelles dans ce mikado très compliqué qu'est devenu la vie politique tunisienne.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Elisabeth Cadot