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Syrie : un médecin allemand témoigne

20 mars 2018

Michael Wilk, un urgentiste allemand, vient en aide à la population du nord-est de la Syrie, près de la frontière turque. Il raconte les violences au quotidien.

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Syrie Ghouta
Des centaines de milliers de personnes fuient les combats en Ghouta orientaleImage : Getty Images/AFP/L. Beshara

Le régime syrien poursuit son offensive contre les dernières poches rebelles de la Ghouta orientale, en banlieue de Damas. Dans le nord-est du pays, l'armée turque promet d'étendre ses opérations militaires à toute la bande frontalière, après sa prise d'Afrine. Ces lieux, à force de lire et d'entendre leur nom tous les jours dans les médias, on oublie que des gens y vivent encore.

Ce quotidien bouleversé par les bombes, un médecin urgentiste allemand a décidé de les aider à le supporter en se rendant utile sur place. Et Michael Wilk, c'est le nom de ce médecin, l'a confirmé à nos confrères de Deutschlandfunk : la situation est très précaire. 

Bombardements en Ghouta orientale
Les bombardements en Ghouta orientale ont tué de nombreux civilsImage : Getty Images/AFP/A. Eassa

Michael Wilk travaille depuis 2014 à Qamishlo, capitale régionale du Kurdistan syrien, tout près de la frontière turque.

Pendant longtemps, Afrine était un "pôle de stabilité" dans une Syrie déchirée par une "guerre bestiale", raconte Michael Wilk. Mais la semaine dernière, "les blessés et les cadavres jonchaient les rues" et "l'hôpital aussi a essuyé des tirs", alors 100 à 200.000 personnes ont fui. L'urgentiste poursuit : "C'est tellement grave que même les soldats turcs s'énervent des actes commis par les mercenaires qu'ils ont eux-mêmes engagés pour combattre à leurs côtés. Il faut s'attendre à des violences".

Les Yésidis, particulièrement touchés

La préoccupation est préoccupante "surtout chez les Yésidis, qui ont déjà souffert des agressions des islamistes avant. Pour certains, ils avaient été réduits à l'esclavage, des hommes ont été décapités, seulement parce qu'ils étaient de croyance yésidie et considérés comme impies."

Croissant rouge à Durma en Syrie
L'aide humanitaire ne peut être achimnée partout. Ici : le Croissant rouge à Durma Image : picture-alliance/dpa/S. Bouidani

Michael Wilk a vu arriver à Qamishlo des gens qui ont fui l'avancée de l'armée turque vers Afrine et sa région.

"Ces personnes dorment dehors" et "ne reçoivent aucune aide ni soins", explique le médecin. Or, la plupart sont parties "presque sans rien de plus que ce qu'elles portaient sur elles" et se font racketter par l'armée syrienne dans leur fuite. Puis ils s'entassent "dans des maisons qui accueillent dix fois plus de gens que leur capacité réelle".

Côté militaire, le médecin estime que le YPG kurde qui contrôle la zone est moins menaçant que les autres belligérants, que des conventions écrites et des lois sont encore respectées.

Le monde et l'Allemagne sourds?

"Nous avons essayé, avec les organisations sur le terrain dont certaines sont des ONG internationales, de raconter ce qui se passait ici, de le faire remonter aux Nations unies, au Conseil européen des droits de l'homme. Nous n'avons pas eu le moindre début de réponse", s'insurge Michael Wilk qui termine sa mission dans deux semaines.

Le médecin fait part de sa "honte" en constatant l'inaction des autorités allemandes, surtout au regard des atrocités "que les exportations d'armes allemandes permettent de commettre" en Syrie.