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Alep retombe aux mains des islamistes en Syrie

2 décembre 2024

Le groupe HTS (proche d'al-Qaïda) a repris le contrôle de la ville d'Alep. Les civils fuient en masse. Le gouvernement compte sur ses soutiens étrangers.

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De la fumée s'élève au-dessus de bâtiments, à Alep, deux piétons passent devant (illustration)
Alep, au coeur d'une bataille géostratégiqueImage : Juma Mohammad/IMAGESLIVE via ZUMA Press Wire/picture alliance

En Syrie, la ville d'Alep a été reprise par un groupe islamiste qui se fait appeler HTS. Or Alep, c'est la deuxième plus grande ville du pays. Elle est située dans le nord-ouest de la Syrie, non loin de la frontière avec la Turquie

Le régime de Bachar al-Assad ne contrôle que deux tiers environ du territoire syrien, mais depuis mars 2020, les lignes de front étaient assez stables en Syrie.

Alep: des civils chargés de bagages marchent le long d'une route (photo du 1er décembre 2024)
La population civile fuie les affrontements entre les pro- et anti-Assad à AlepImage : Aref Tammawi/AFP

Les forces en présence en Syrie

D'un côté, il y a la capitale Damas, Homs et les zones alaouites, toujours sous son contrôle, grâce au soutien de l'Iran et de la Russie.

Le nord de la Syrie, lui, est sous protection turque. Il compte environ cinq millions d'arabes sunnites dont le régime de Bachar al-Assad ne veut plus, mais que la Turquie ne compte pas accueillir comme réfugiés.

Quant au nord-est du pays, les troupes américaines y protègent jusqu'à présent, la région autonome kurde où s'est organisée la plus importante résistance contre les assauts des groupes islamistes jusqu'à présent.

Mais le groupe HTS (Hayat Tharir al-Sham) continue son avancée en zone sunnite. Ses 50.000 combattants environ sont partis de la région d'Idlib où ils étaient retranchés. Dans cette zone vivent aussi environ trois millions de personnes, dont beaucoup sont déjà déplacées comme cette mère de famille, Salma Harba, originaire du village de Taoum, à l'est d'Idlib, qui témoigne :

"Nous avions une vie difficile au village, à cause des attaques qui se multipliaient. Les missiles, les alarmes, les bombardements aériens et les drones… Nos enfants étaient terrifiés."

Deux hommes en treillis sourient et font le signe de la victoire, en circulant à moto à Alep (1er décembre 2024)
Les partisans du HTS se félicitent de leur victoire sur les troupes de Bachar al-AssadImage : Aref Tammawi/AFP

Qu'est-ce que le HTS ?

Le mouvement HTS est le descendant direct de groupes précédents affiliés à al-Qaïda. Il craignait une offensive de l'armée régulière syrienne depuis deux ans, sur son fief d'Idlib. Mais celle-ci n'a finalement pas eu lieu plus tôt en raison de l'affaiblissement du soutien actif de l'armée russe, elle-même happée par sa guerre en Ukraine.

En revanche, Alep n'était plus protégée par le Hezbollah qui est retourné massivement au Liban. Et les milices chiites irakiennes se sont retirées aussi, alors la voie était libre pour le HTS.

Par ailleurs, il y a peu de chances que le HTS parvienne à s'emparer de Damas. C'est en effet aux abords de la capitale qu'est concentré le gros de l'armée régulière.

Sur la côte est, peuplée en majorité d'alaouites, le politologue Fabrice Balanche ne pense pas non plus que l'HTS puisse faire d'importantes percées, surtout dans cette zone où se trouvent plusieurs bases militaires russes.

Fabrice Balanche est d'avis que la Turquie a, pour sa part, au mieux, fermé les yeux sur l'assaut contre Alep, pour éviter l'éclatement de la "poche d'Idlib" qui aurait pu conduire à un afflux massif de réfugiés qu'Ankara ne veut pas accueillir sur son territoire.

Réaction conjointe

Les envoyés de l'Allemagne, de la France, du Royaume-Uni et des Etats-Unis ont publié une déclaration commune suite à la chute d'Alep. Les quatre pays affirment suivre de près la situation en Syrie. Ils appellent instamment à une désescalade et à protéger la population civile, ainsi que les infrastructures, afin de pouvoir acheminer l'aide humanitaire. Par ailleurs, ils rappellent la nécessité de régler le conflit qui dure depuis 2011, conformément à la résolution 2254 des Nations unies.