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Steinmeier sur la sellette

Yann Durand22 janvier 2007

Le ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier souhaite s’exprimer bientôt au sujet du cas Kurnaz devant la commission d’enquête parlementaire. L’ancien chef de la Chancellerie fait l’objet de lourdes accusations: entre autre de n’avoir pas accepter, en 2002, une proposition des Etats-Unis de relâcher le soi-disant Taliban de Brême. Ce dernier doit a nouveau être entendu par la commission le premier février ainsi que les agents qui l’ont interrogé à l’époque à Guantanamo. Aujourd’hui déjà, la presse allemande pressent des conséquences politiques, notamment pour le chef de la diplomatie.

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Le turc Murat Kurnaz se dit victime d'une machination de l'ancien gouvernement allemand.
Le turc Murat Kurnaz se dit victime d'une machination de l'ancien gouvernement allemand.Image : AP

Sachant très tôt que Kurnaz était au dessus de tout soupçon, la chancellerie l’a pourtant considéré, des années durant, comme l’ennemi numéro un, constate la Süddeutsche Zeitung. Pour l’empêcher de rentrer en Allemagne, le ministère de l’Intérieur a alors arrêté un plan prévoyant de mettre fin à son permis de séjour et d’en effacer les traces dans son passeport. Pourquoi?, se demande le journal ; vraisemblablement d’abord pour éviter un débat public au retour du "dangereux" Taliban de Brême et ensuite pour se prémunir contre des révélations gênantes.

Leurs méthodes ont mené politiciens et fonctionnaires au bord de la légalité, avance la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Et de citer une correspondance interne au ministère de l’intérieur : "Il s’agit d’un processus sans précédent", peut-on lire sur une note. "Et Alors ?" répond un supérieur. Était-ce, dans la lutte contre le terrorisme, le nouvel esprit qui régnait à l’Intérieur et à la Chancellerie?, se demande le Journal. Mais pourquoi cette dureté envers un jeune homme certes naїf mais persécuté à tort ? Les concernés à l’époque, le chef de la chancellerie, Steinmeier, l’ancien ministre de l’intérieur, Otto Schily, ainsi que les responsables des services secrets, ont beaucoup à expliquer devant la commission d’enquête.

Selon le quotidien Die Welt, la compassion actuelle au sein de la classe politique n’est pas sans hypocrisie. Chez les verts parce qu’ils pleurent un destin dont ils sont en partie responsables, l’Union du fait qu’elle n’a jamais caché vouloir lutter avec encore plus d’intransigeance que Schily contre la terreur et enfin chez les libéraux du FDP qui n’invoquèrent à nouveau les droits de l’homme, qu’à partir du moment où Guido Westerwelle ne risquait plus d’avoir à le faire à Washington en tant que ministre des affaires étrangères.

Frank-Walter Steinmeier, qui avait déjà parlé des "cotés peu reluisants du pouvoir" dans l’affaire Al-Masri, pourrait à nouveau en faire les frais, prédit la Tageszeitung de Berlin. La description par Murat Kurnaz de son calvaire de 4 ans et demi, jeudi dernier devant la commission d’enquête ainsi que de nouvelles révélations dans les média ont déclenché un raz-de-marée susceptible d’emporter non seulement le crédit moral de l’entente Rouge-Vert, mais aussi l’un des protagonistes de l’actuelle grande coalition. Personne ne peut dire aujourd’hui si Steinmeier échappera à la gigantesque vague.