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Sortie du film "Thomas Sankara l'humain" de Richard Tiéné

Saleh Mwanamilongo
14 octobre 2020

A l'occasion du 33e anniversaire de l'assassinat de Thomas Sankara, Richard Tiéné a réalisé un documentaire qui retrace le combat de Sankara au Burkina Faso.

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"Thomas Sankara, l'humain", un nouveau documentaire sur la vie et les combats du Burkinabè assassiné il y a 33 ans
"Thomas Sankara, l'humain", un nouveau documentaire, signé Richard Tiéné, sur la vie et les combats du Burkinabè assassiné il y a 33 ansImage : Alexander Joe/AFP/Getty Images

Richard Tiéné, correspondant de la Deutsche Welle au Burkina Faso, sort le 15 octobre un documentaire sur la vie de Thomas Sankara.

Intitulé "Thomas Sankara l'humain", son film sera projeté au Ciné Burkina.

Richard Tiéné a travaillé durant sept ans sur ce film, pour lequel il a interrogé de nombreux proches de Thomas Sankara. II nous explique, l'importance toujours actuelle de la figure de Thomas Sankara au Burkina Faso, notamment depuis la chute de Blaise Compaoré.

DW : Richard Tiéné, bonjour. Votre film sur "Thomas Sankara, l'humain" va sortir ce 15 octobre à l'occasion du 33e anniversaire de l'assassinat de Thomas Sankara. Pourriez-vous nous parler de ce film ?

Richard Tiéné : Déjà merci à la DW de m'accorder cet entretien. ‘'Thomas Sankara L'humain'' est un film que nous avons mis sept ans à réaliser. Thomas Sankara a marqué d'une pierre blanche l'histoire politique de ce pays-là à travers des grandes réalisations, à une époque où la France était encore très présente en terme de tutelle. Même si nous sommes indépendants, disons-le, depuis le 5 août 1960, la France était, dans les années 80, encore très présente dans la politique intérieure des Etats africains. Donc Thomas Sankara, il vient et il bouleverse tout. Ce film retrace son parcours avec des témoignages inédits parce que jusque-là, on a entendu un certain nombre de sons de cloches et nous avons eu des archives aussi inédites. C'est une série documentaire de 26 minutes, fois 5,(26minX5) , et c'est le grand format qui va faire environ 2h30' environ, qui sera présenté à la presse ce jeudi 15 octobre, du côté du Ciné Burkina.

DW : Ce n'est pas le premier film sur Thomas Sankara. Que vient faire votre film, vous qui n'avez pas connu Thomas Sankara parce que vous étiez trop jeune ?

Richard Tiéné : Oui, c'est vrai que quand il perdait la vie, quand il a été assassiné le 15 octobre 1987, j'étais très jeune. Encore gamin. Je ne l'ai pas connu physiquement, mais je l'ai connu à travers de nombreuses lectures, à travers aussi le visionnage de nombreux films. D'ailleurs, quand vous regardez ce film, je le dis en introduction, on me voit, on voit le journaliste qui se pose des questions. Comment en est-on arrivé là ? Je me suis beaucoup inspiré des œuvres cinématographiques, mais aussi de connaissances livresques et aussi de certains témoignages. Parce qu'en tant que journaliste, j'ai interrogé des témoins vivants sur la vie de Thomas Sankara, des collaborateurs directs, des membres de sa famille. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi on est si muet concernant les productions sur Thomas Sankara. Il n'y en a pas beaucoup.

Richard Tiéné : "J'ai interrogé des témoins vivants sur la vie de Thomas Sankara"

DW : C'est quoi la particularité de ce film ?

Richard Tiéné : La particularité de ce film, c'est que les transitions sont slammées et il y a des témoignages inédits. Des gens qui, jusque-là, ne pouvaient pas parler parce que ces personnes-là subissaient une pression morale sous l'ère Compaoré ou tout simplement parce que ces personnes-là ne voulaient pas avoir de problèmes pour différentes raisons. Et nous sommes allés jusqu'au village de Thomas Sankara rencontrer son oncle, rencontrer des parents à lui. La voie est chaotique, une école de trois salles de classe avec un logement pour des enseignants presqu'en ruine.

DW : Richard Tiéné, parmi les idéaux défendus par Thomas Sankara, lequel paraît le plus important à vos yeux ?

Richard Tiéné : Parmi les idéaux défendus par Thomas Sankara, ce qui nous a paru le plus important et que nous avons du reste essayé de retranscrire dans le film, c'est l'intégrité, c'est l'humanisme. C'est pourquoi le film s'intitule ‘'Thomas Sankara l'humain''. C'est quelqu'un qui était généreux, le don de soi, quelqu'un qui a consacré sa jeunesse. Il est mort jeune, il n'a pas eu quarante ans. Il n'a pas pillé les caisses de l'Etat. Il est resté intègre et c'est cette intégrité qui lui donnait autant d'assurance pour agir avec les conséquences que nous connaissons aujourd'hui. Pour lui, il fallait justifier, même au sein de sa famille, chaque cadeau.

DW : On voit aujourd'hui la jeunesse, très engagée pour défendre l'œuvre de Thomas Sankara. Quel regard avez-vous depuis la chute de Blaise Compaoré ?

Richard Tiéné : Je vais préciser quand même qu'au Burkina Faso, il y a eu un effort en terme de liberté d'opinion et d'expression, surtout depuis la mort du journaliste Norbert Zongo. On pouvait parler, mais pas tout le monde. Parler, ce n'est pas pour nuire à quelqu'un. Parler, ce n'est pas pour condamner, parler, c'est pour faire comprendre. C'est pour communiquer, pour que les gens ne fassent plus les mêmes erreurs. Donc, ce film ne vise pas à venir dénigrer, à venir ternir l'image de quelqu'un. Non ! C'est d'amener les gens à parler. Et en parlant, on trouve les solutions à nos problèmes. Quand on reste dans notre coin, on est muet, on ne peut que subir les conséquences désastreuses sur le reste de notre parcours, de notre vie. Et ce film n'est soumis à aucune censure.