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Smockey dénonce la "pourriture" du système au Burkina Faso

Sandrine Blanchard | Richard Tiéné
18 novembre 2020

Juste avant les élections, le rappeur burkinabè Smockey continue d'en appeler à la "conscience citoyenne". Interview.

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Burkina Faso : Serge Bambara alias Smockey
Serge Bambara alias SmockeyImage : Getty Images/AFP/I. Sanogo

Le Burkina Faso à J-4 : ce dimanche 22 novembre auront lieu les élections législatives et la présidentielle. La campagne électorale se poursuit jusqu’à vendredi, à grand renfort de petites phrases… mais de nombreux candidats n’évoquent pas les véritables problèmes auxquels doivent faire face les Burkinabè. C’est ce que dénonce notamment l’artiste Smockey, que notre correspodant Richard Tiéné a rencontré à Ouagadougou.

"Pourriture, tu es la graisse de mon système"

Le nom de Smockey est d’abord associé à la musique – au rap. Mais à un rap engagé : Smockey a été l’un des meneurs du Balai citoyen qui a provoqué la chute de Blaise Compaoré en 2014.

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Six ans plus tard, l’artiste regrette de devoir encore et toujours dénoncer la corruption – ce qu’il fait dans son dernier morceau "Pourriture noble" : "Quand on observe les élections dans nos pays, on se rend compte que beaucoup d'argent coule à flots et c'est un cercle vicieux qui a pour corollaire dommageable de restreindre l'offre politique, l'arrivée des jeunes ou des femmes par exemple. Car ceux qui sont en place mettent tellement de moyens pour rester dans les arcanes de l'exécutif que le changement, le brassage ne se fait pas", déplore l'artiste.

Smockey ajoute : "On ne peut pas vivre dans un pays parmi les plus pauvres du monde et voir autant d’abus, de clientélisme, de gabegie". Pour lui, l’objectif premier de son art est d'encourager la prise de "conscience citoyenne pour que les citoyens comprennent que c’est à eux de faire le jeu et non pas aux dirigeants à qui ils ont confié leur avenir désastreux de le faire."

Le tout sécuritaire, une erreur

L’insuffisance des programmes politiques, c’est aussi ce que dénonce de l’ISS, l’institut d’études sur la sécurité, Bureau de Bamako, dans sa dernière publication, ce mercredi, sous le titre univoque : "Il faut offrir davantage que la sécurité aux électeurs du Burkina Faso"

Cette publication reproche aux candidats à la présidentielle et aux législatives de dimanche prochain d’avoir axé leur campagne sur ce seul thème de la sécurité, au détriment d’autres préoccupations essentielles dans le quotidien de millions de Burkinabè, comme la crise humanitaire au Sahel, qui est celle "qui progresse le plus rapidement au monde", ou encore les problèmes d’alimentation. La tentative d’occulter ces problèmes risque de laisser pour compte de très nombreux électeurs, prévient l’ISS, et d’aggraver encore une situation déjà très compliquée.