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Sénégal : la fiabilité du fichier électoral remise en cause

Robert Adé
9 janvier 2024

Au Sénégal, une vingtaine de candidats à l’élection présidentielle du 25 février prochain ont défilé lundi devant le Conseil constitutionnel pour régulariser leurs dossiers.

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Des électeurs attendent devant un bureau de vote à Dakar
Le président Macky Sall a déclaré qu'il ferait "en sorte" que la présidentielle du 25 février 2024 "se déroule, comme les précédentes, de façon paisible et dans les meilleures conditions d'organisation"Image : Johan Wessels/AFP

La deuxième et dernière phase de vérification du fichier électoral avant la présidentielle du 25 février a lieu sur fond de tension. Samedi (06.01), la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA), dans un communiqué d’alerte, avait mis en garde sur la non-actualisation du fichier électoral mis en ligne sur son site Internet.  

Depuis, l’annonce suscite de vives réactions au sein de l’opposition politique et de la société civile. La première réaction fut celle de l’ancienne première ministre du Sénégal, Aminata Mimi Touré.

Dimanche (07.01), l‘opposante et candidate à la présidentielle du 25 février, s’est insurgée contre le flou entretenu autour du fichier électoral, à moins de deux mois de l’élection présidentielle. Elle s’est interrogée sur la fiabilité du fichier qu’utilise le Conseil Constitutionnel pour contrôler les parrainages.

Un homme jette un pavé lors d'une manifestation à Dakar
Le sort de l'opposant Ousmane Sonko a déclenché de vives protestations l'année dernièreImage : John Wessels/AFP

Un air de déjà-vu 

Pour Ababacar Fall, expert électoral et membre de la société civile, "c’est un vieux débat qui revient à chaque élection depuis pratiquement une vingtaine d’années. La question du fichier est un peu au centre de la controverse. Cette sortie de la CENA pose un problème parce qu’elle est au cœur du processus électoral. Elle est présente au début et à la fin du processus électoral. En principe, elle a un service informatique qui reçoit toutes les copies de la direction de l’automatisation des fichiers électoraux, et qui est censé avoir les mêmes copies. Cette situation va amplifier et augmenter la tension électorale qui existe déjà dans le pays avec l‘élimination du leader de l’opposition Ousmane Sonko."

Lundi (08.01), 28 candidats à la prochaine présidentielle qui se disent lésés, réunis au sein d’un “Front de résistance” ont ainsi introduit un recours au Conseil Constitutionnel. Ils réclament la régularisation des parrains déclarés invalides pour des raisons matérielles. Ils exigent également la transparence dans le processus électoral. 

Ousmane Sonko prenant la parole
Le Conseil constitutionnel sénégalais a rejeté vendredi la candidature à la présidentielle du 25 février de l'opposant emprisonné Ousmane SonkoImage : Cooper Inveen/REUTERS

Réformer le système des parrainages 

Cette polémique pouvait être évitée, estime le coordonnateur du Forum Social au Sénégal, Mamadou Mignane Diouf. 

Selon lui, "la pièce réglementaire qui départit tout le monde et qui permet d’aller aux élections, c’est le stock du fichier électoral. Quand on voit l’opposition qui se précipite pour aller chercher des parrainages sur le fichier électoral mais sans disposer d’une version du fichier électoral à jour, je pense que ce sont des manquements politique. Quand aussi, au niveau de l’Etat, le ministère de l’Intérieur chargé des élections ne peut pas, à cette date, mettre à disposition un fichier révisé, adopté et réactualisé, il y a problème. C’est cela qui fait penser qu’au sein de la classe politique, on n’a pas parlé de ce qui était l’essentiel mais plutôt des choses secondaires." 

Dans une note adressée à la Deutsche Welle, l’expert électoral, Ndiaga Sylla indique par ailleurs que "la réforme du système de parrainage tant magnifiée s’est finalement révélée plus catastrophique pour une élection présidentielle inclusive. Il y a lieu d’envisager des réformes appropriées et non superficielles du système de parrainage sénégalais qui s’est révélé très complexe et sélectif."