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Sénégal : une campagne électorale en plein carême et ramadan

Robert Adé
11 mars 2024

En 2024, les Sénégalais la campagne électorale pour la présidentielle se déroule en même temps que le jeûne chrétien du carême et le ramadan musulman.

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Des partisans d'Ousmane Sonko brandissent des affiches à l'effigie de leur candidat, Bassirou Diomaye Faye, dans une rue de Keur Gorgui à Dakar (photo du 10 mars 2024)
Des partisans d'Ousmane Sonko brandissent des affiches à l'effigie de leur candidat, Bassirou Diomaye Faye, dans une rue de Keur Gorgui à Dakar Image : SEYLLOU/AFP

La campagne électorale pour la présidentielle du 24 mars au Sénégal a démarré dans une ambiance plutôt fébrile. Deux jours se sont déjà écoulés dans cette campagne raccourcie.

A Dakar, les candidats rivalisent de stratégies de mobilisation alors que le carême vient de démarrer dans ce pays à majorité musulmane.

Carême chrétien et musulman : des valeurs partagées

Début de campagne électorale en vue du 24 mars

Timide samedi au démarrage, la campagne pour l'élection présidentielle du 24 mars au Sénégal prend lentement son envol à Dakar, à travers des déclarations, des meetings, des caravanes et du porte à porte.

Dans le camp du Front FC 25 qui regroupe 16 candidats à la présidentielle, on affiche une certaine sérénité à deux semaines du scrutin.

Fatou Bintou Sarr est responsable des femmes de la commune de Pikine Nord pour la campagne de la coalition Diomaye président 2024, proche de l'opposant Ousmane Sonko. Pour elle, la bataille peut commencer  : "Ça ne nous a pas réellement surpris. Nous étions déjà prêts avant même que la décision ne tombe pour le 24 mars, on avait déjà terminé. Chaque soir, entre 18h et 22h, c'était du porte à porte. Actuellement, il ne nous reste que de l'animation. Sinon, on a déjà maillé toute la commune."

Particularité du carême et ramadan

Pour la première fois, au Sénégal, une campagne présidentielle se déroule en pleine période de carême, autant chez les musulmans que les chrétiens.

Elle pourrait être encore plus éprouvante pour les candidats et leurs militants avec le ramadan qui démarre. L'islamologue Moctar Ndiaye, imam de la grande mosquée de Liberté 6 à Dakar, rappelle les comportements que tout fidèle musulman devrait éviter pendant cette période combinée de campagne électorale et de jeûne :

"Il ne faut pas observer le jeûne, et passer la journée dans les caravanes à insulter les gens, à proférer des injures ou bien à poser des actes qui vont compromettre la paix sociale et la stabilité du pays."

Des partisans de Khalifa Sall sur un pick-up avec des vuvuzela (photo du 9 mars 2024)
Les militants des partis ont parfois du mal à transmettre leur enthousiasme à leurs concitoyensImage : SEYLLOU/AFP

La plupart des candidats en lice, qu'ils soient de la majorité présidentielle, de l'opposition ou de la société civile, ont lancé leur campagne électorale dans la région de Dakar et ses banlieues par des déclarations, et pour certains, la présentation de leur programme de société.

Mobilisation plus difficile

L'expert électoral El Hadji Saidou Nourou Dia prévient que la mobilisation risque d'être difficile en période de ramadan :"Le défi de cette élection, c'est la participation, affirme-t-il. Mais si réellement chaque Sénégalais est animé par le désir de contribuer au développement du pays, de contribuer à la gouvernance du pays, le jeûne ne devrait pas être un frein pour aller voter parce que chacun de nous devrait être comptable du président qu'on va élire."

Des banderoles et affiches à l'effigie de certains candidats sont déjà visibles aux principaux carrefours et points stratégiques dans le centre-ville de Dakar.

La plupart des candidats au premier tour du scrutin du 24 mars participent pour la toute première fois à une élection présidentielle, sauf Idrissa Seck sorti 2ème à l'issue de l'élection présidentielle de 2019.