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A Ziguinchor, le kankourang reste confiné cette année

2 septembre 2021

A Ziguinchor le carnaval avec le fameux kankourang est interdit en raison de la recrudescence de la pandémie de Covid-19.

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(Photo d'illustration)
(Photo d'illustration)Image : Alamode Film

Les vacances vont laisser un goût inachevé aux jeunes de Ziguinchor, au sud du Sénégal. Ceux-ci ne peuvent en effet pas profiter cette année, de début août à fin septembre, des carnavals organisés à travers les rues de la ville avec le fameux kankourang. Cet être surnaturel redouté pour son caractère sacré dans la tradition locale, qui est aussi devenu un objet de divertissement pour les jeunes, a été interdit à cause de la recrudescence de la pandémie de Covid-19.

Prise de température devant l'hôpital de Pikine pour éviter la propagation de la Covid-19.
Prise de température devant l'hôpital de Pikine pour éviter la propagation de la Covid-19.Image : JOHN WESSELS/AFP/Getty Images

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Une interdiction, oui mais...

Sur un terrain vague d'un quartier populaire de Ziguinchor, des jeunes jouent au football, une activité encore possible durant les vacances alors que le préfet a interdit la sortie du kankourang. Ces jeunes Casamançais disent pourtant comprendre cette décision. ''Vous savez que le kankourang c'est quelque chose de culturel. Les Ziguinchorois aiment trop le kankourang. Du coup, interdire cette activité durant les vacances ça va causer un problème. Mais bon je pense que c'est à cause de la Covid parce qu'organiser le diambadong (la danse du kankourang, ndlr), cela signifie qu’il n'y aurait pas eu de mesures barrières. Il y aurait eu des gens qui n’auraient même pas porté de masques. C'est compréhensible, c'est difficile mais c'est compréhensible quand même'' réagit Edouard Mendy, un habitant du quartier qui trouve donc l’interdiction dure mais acceptable compte tenu de la hausse de la pandémie.

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Son ami, Arfang Diémé, est du même avis. Ce dernier pense par ailleurs que si cette mesure vise à stopper la progression du coronavirus, alors les autorités devraient interdire le football qui crée des rassemblements. ''L'interdiction du kankourang, c'est une bonne chose. Mais ils devraient interdire aussi le football... Si vraiment c'est à cause du coronavirus qu'ils ont interdit le kankourang, moi j'aurais préféré qu'ils interdisent le football aussi parce que ce sont toujours des rassemblements'' précise t-il.

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"C'est mystique"

Le kankourang est un rituel malinké qui marque le passage à l’âge adulte des jeunes garçons. C’est aussi un personnage mythique recouvert de fibres d’écorces qui parcourt les rues pour terroriser les habitants et protéger les jeunes circoncis. Solo Cissokho est un ancien du quartier et en parlant du kankourang, il s'offusque qu'aujourd'hui cet être sacré soit banalisé au point que des enfants l'utilisent pour s’amuser.

''C'est mystique ! C'est mystique ! Il faut que les gosses cessent de jouer avec le kankourang. Pour suivre un kankourang, il faut que tu sois initié. Nous les pères de famille, il faut qu'on essaie de ne pas laisser les enfants jouer avec le kankourang, ça les détruit. Ce n'est pas bon'' explique t-il.

Dans les villages de Casamance, la sortie du kankourang est aussi faite pour résoudre les problèmes qui affectent la communauté. A son apparition, c'est le sauve-qui-peut chez les enfants et les adultes, notamment les femmes, qui redoutent ce personnage.