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Drame des migrants, les promesses ne suffisent plus

Georges Ibrahim Tounkara
11 septembre 2024

Le dernier bilan du naufrage de l'embarcation de migrants fait état d'au moins 26 morts. Le phénomène persiste au Sénégal malgré l'arrivée au pouvoir d'un nouveau président, qui avait promis de freiner cette migration.

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Des migrants noyés dans la mer.
Au moins 26 personnes ont péri dans le naufrage de leur embarcation dimanche (08.09.2024) au large de Mbour (ouest du Sénégal) et des dizaines de disparus, un nouveau drame de l'émigration clandestine à destination de l'Europe.Image : Salmeer Al-Doumy/AFP/Getty Images

Les faits se sont déroulés dimanche (08.09.2024) au large des côtes sénégalaises. Les victimes étaient des migrants qui tentaient de rejoindre l’Europe à bord d’une pirogue.

Le président de l'Association de consommateurs du Sénégal, Momar Ndao, qui suit de près cette question migratoire, revient sur les raisons qui poussent les jeunes à choisir cette option, malgré l’alternance démocratique régulière dans le pays.

Ndao : Beaucoup de jeunes ici n'ont pas de métier ou de formation qui leur permettent de trouver un emploi facilement. Et la deuxième chose, c’est que le niveau d’éducation des gens qui partent est très faible. Ce ne sont pas des personnes qui ont un niveau d’instruction élevé, souvent supérieur au secondaire. En fait, c'est une forme de facilité. Ils n'ont pas une idée précise du danger qu’ils courent en prenant une embarcation pour plusieurs jours dans des conditions effroyables. Ce qu’ils voient, c’est juste qu’il y a une possibilité de traverser par la mer et de trouver un avenir meilleur de l’autre côté. Au début, la plupart des gens qui partaient étaient des marins, des pêcheurs, des gens de la mer, qui n’ont pas peur de l’océan.

Des migrants tentant de rejoindre l'Europe.
Le Sénégal est l'un des principaux points de départ pour les milliers d'Africains qui prennent depuis des années la périlleuse route de l'Atlantique et tentent de gagner l'Europe, principalement via l'archipel espagnol des Canaries, à bord d'embarcations surchargées et souvent vétustes.Image : picture-alliance/AP Photo/S. Diab

DW : Les différents gouvernements tentent d’endiguer le phénomène. Il y a eu des promesses de campagne de l’équipe actuellement au pouvoir, mais le phénomène persiste. Pourquoi ?

Ndao : Le phénomène persiste parce qu’il n’y a pas de solution. Il n’y a pas de solution immédiate pour les jeunes sans métier, sans éducation ou sans compétences. Il n’y a pas non plus de marché de l’emploi pour ceux qui ont des compétences. Donc, il n’y a aucune perspective immédiate. Faute de perspectives, les gens se disent que la seule option est de jouer au loto ou de risquer leur vie pour trouver une situation meilleure de l’autre côté.

DW : Y a-t-il des régions particulièrement touchées par ce phénomène ?

Ndao : D’abord, il faut souligner que ce sont surtout les régions côtières qui sont touchées. Les gens qui connaissent la mer, notamment les pêcheurs. À l’origine, beaucoup de départs avaient lieu dans le nord du Sénégal, vers Saint-Louis, Louga, etc. Il y a eu aussi de nombreux départs du côté de Mbour, et ensuite également du côté de Ziguinchor.

 

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle