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Rwanda : l'ADN pour identifier les victimes du génocide.

5 avril 2019

La Tageszeitung raconte dans une longue enquête le travail de mémoire au Rwanda et les ambitions du pays en matière d'investigation scientifique.

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Le mémorial de Murambi
Le mémorial de MurambiImage : AP

Le Rwanda commémore ce dimanche 7 avril les 25 ans du génocide, où près d'un million de personnes, la plupart des Tutsis, ont été massacrés en à peine quelques mois.

"L'odeur de décomposition flotte toujours dans l'air." Un quart de siècle après. La Tageszeitung nous emmène à Murambi, dans le sud du Rwanda.

Là-bas, se trouve une ancienne école, devenue mémorial, où reposent près de 800 corps momifiés. C'est "un aspect fondamental de la politique de mémoire du Rwanda : les cadavres doivent servir de preuve effroyable que le génocide a effectivement eu lieu".

Le guide raconte comment "les politiques et les militaires avaient promis aux Tutsis qu'ils seraient en sécurité ici". C'était un piège, où, en à peine huit heures, près de 50.000 personnes furent massacrés, d'abord avec des grenades, puis avec des machettes.

Une course contre la montre

Aujourd'hui le temps est compté pour conserver ces momies. C'est là qu'interviennent les scientifiques allemands. Depuis plusieurs années, des médecins légistes allemands et rwandais se retrouvent chaque été pour des formations. De là est née la coopération pour travailler sur le mémorial de Murambi.

A Murambi, c'est comme si le temps s'était arrêté pendant 25 ans.
A Murambi, c'est comme si le temps s'était arrêté pendant 25 ans.Image : AP

Au-delà de la conservation il s'agit aussi de tenter d'identifier les dépouilles. "Beaucoup de personnes dans la région n'ont toujours pas la certitude que leurs proches font partie de ces victimes". Les tests ADN pourraient leur apporter une réponse.

"Pour le moment, la plupart des échantillons de sang ou d'ADN prélevés étaient envoyés par avion à Hambourg, puis il fallait attendre un mois pour les résultats". Désormais, quasiment tout peut se faire dans un laboratoire flambant neuf à Kigali. "Il est très important pour le Rwanda de se mettre à la page en matière d'investigation scientifique car quand les criminels savent qu'ils peuvent être arrêtés grâce aux dernières technologies il y a un effet de dissuasion", raconte le médecin légiste en chef de la police.

Kigali veut être à la pointe des enquêtes scientifiques sur le continent. Le besoin en nouvelles technologies est flagrant. "L'accident d'avion en Ethiopie d'il y a un mois a encore montré à quel point l'Afrique a besoin d'analyses ADN."

40 % des Africains veulent quitter leur pays

Des migrants secourus par le bateau Sea Watch 3 arrivent en Italie, janvier 2019.
Des migrants secourus par le bateau Sea Watch 3 arrivent en Italie, janvier 2019.Image : Getty Images/AFP/F. Scoppa

La presse allemande s'est aussi intéressée cette semaine aux statistiques sur la migration. Selon étude d'Afrobaromètre, un réseau de recherche qui mène des enquêtes d'opinion sur le continent, plus d'un Africain sur trois pense émigrer. L'étude a été menée dans plus de 30 pays.

Mais die Welt  note  que "la majorité ne veut pas aller en Europe". Emigrer vers "un pays de la région" est la réponse qui revient le plus souvent, suivi de l'Europe  - moins d'un tiers des interrogés - puis de l'Amérique du Nord.

La Frankfurter Allgmeine Zeitung relève que le souhait de tout quitter est encore plus grand chez les 18-25 ans. Presqu'un jeune sur deux y réfléchit.

Et parmi les candidats potentiels à l'émigration, un sur dix avoue avoir déjà des plans concrets et commencé ses préparatifs. Avec la taille actuelle de la population africaine, "cela représente 40 millions de personnes".

Symbolbild I Journalismus
Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais