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Retour d'exil d'un ancien ministre de Gbagbo

27 septembre 2019

Près de 200 réfugiés ivoiriens sont rentrés, jeudi, après huit ans d'exil au Ghana. Parmi eux, de nombreux proches de l'ex-président Gbagbo dont l'ancien ministre Emmanuel Léon Monnet.

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Elfenbeinküste Ghana Rückkehr Emmanuel Léon Monnet
Image : DW

'Ils ont saisi la main tendue du chef de l’Etat' (Dieket Minata) - MP3-Stereo

Ce 26 septembre, ce sont 187 réfugiés ivoiriens (92 femmes et 95 hommes) qui sont rentrés en Côte d'Ivoire, en provenance du Ghana où ils ont passé huit ans, en exil.

Parmi eux : Léon Monnet un ex-ministre de l'ancien président Laurent Gbagbo : "Je suis heureux. Je suis heureux de me retrouver Côte d'ivoire dans mon pays. C'est le moment que je me suis donné. Et j'arrive. La réconciliation tout simplement. C'est pour cela que je suis là.''

Au cours de ces huit dernières années, l'ancien ministre Emmanuel Monnet a été séparé de sa femme et du reste de sa famille, en raison de la crise. Agnès Monnet, son épouse, élue maire dans sa région lors de la récente élection locale, est venue jusqu'à la frontière du Ghana accueillir son époux : "C'est la joie au niveau familiale, au niveau des enfants, au niveau de la grande famille. C'est la joie et la sérénité. Et nous disons merci à Dieu d'avoir veillé sur nos liens, d'avoir veillé surtout sur ceux qui étaient de l'autre côté. Donc c'est une grande joie parce qu'enfin on se retrouve pour continuer."

Elfenbeinküste UN Einsatz
La crise politique de 2011 et les violences entraînent le déplacement de près d'un million de personnes. Image : picture alliance/dpa/Photoshot

Veiller à la réinsertion 

Ce convoi, le plus grand depuis le début de l'année en provenance du Ghana, a été accueilli par Madame Dieket Minata, de la Direction d'aide et assistance aux réfugiés et apatrides et par Mohamed Askia Touré, le représentant pays, du Haut-commissariat pour les réfugiés à Noé, à la frontière ghanéenne. Ensuite, il s'est dirigé vers Abidjan, au siège de la Direction d'aide et assistance aux réfugiés et apatrides. 

"C'est une grande joie de voir nos frères et nos sœurs revenir en Côte d'Ivoire", affirme Dieket Minata. "Ça veut dire qu'en fait ils ont saisi la main tendue du chef de l'Etat." Et son collègue d'ajouter : "Le rapatriement n'est pas jute un exercice de logistique. Il ne s'agit pas de mettre les gens dans des camions et de les ramener en Côte d'Ivoire et de dire : débrouillez-vous. Donc nous nous assurons que leur insertion socio-économique est garantie. Et nous assurons que leurs documentations, leur identité est bien entendue rétablies.''

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Laurent Gbagbo a récemment été reconnu non coupable de crimes contre l'humanité commis en 2010 et 2011 au cours des violences post-électorales qui avaient fait 3.000 morts en Côte d'Ivoire.Image : DW/K. Gänsler

Rentrer pour réconcilier

A ce jour, 22.000 réfugiés sont toujours enregistrés dans les pays d'accueil, notamment au Ghana (6.585), en Guinée (3.627), au Liberia (8.598), au Mali et au Togo. Beaucoup d'entre eux ont exprimé leur intention de retourner en Côte d'Ivoire, notamment à la suite de l'ordonnance d'amnistie du président ivoirien du 6 août 2018. Celle-ci concerne les personnes poursuivies ou condamnées en lien avec la crise post-électorale de 2010, ou pour des infractions contre la sûreté de l'Etat commises après le 21 mai 2011.

C'est cette main tendue que Junior Tahoudou et Moïse Koffi, deux pro-Gbagbo, ont voulu saisir. Ils disent être revenus pour participer au jeu politique et à la réconciliation : 
"Je retourne sur la terre de mes ancêtres pour participer à la réconciliation nationale. Surtout, la tête haute parce que Laurent Gbagbo a été acquitté'' dit Junior Tahoudou. "Aujourd'hui il y a un processus de réconciliation qui est entamé en Côte d'ivoire. Et nous voudrions joindre notre pierre à l'édifice, en venant participer à cela.'' déclare Moïse Koffi. 

Depuis 2011, l'Etat ivoirien, le HCR et les gouvernements des cinq principaux pays d'accueil des réfugiés ivoiriens (Ghana, Guinée, Liberia, Mali et Togo) ont signé des accords tripartites afin de leur garantir un cadre légal pour un retour volontaire et en sécurité. A ce jour, plus de 272.000 réfugiés ivoiriens (soit plus de 90%) ont regagné leur pays grâce aux efforts des autorités ivoiriennes et du HCR. Mais un autre défi les attend : il s'agit de leur réinsertion dans la société ivoirienne, en pleine mutation.