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Reprise du procès sur le massacre de Shakahola au Kenya

Claudia Lacave
15 juillet 2024

Le pasteur Paul Nthenge Mackenzie et 94 autres personnes sont accusés d'être responsable de la mort de plus de 400 adeptes de sa secte.

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Kenya : des familles de victimes du massacre de la forêt de Shakahola éplorées alors que les autorités vont leur remettre les corps de leurs proches à l'hôpital de Malindi (archive de mars 2024)
Des proches de victimes éplorés attendant la remise des dépouilles en mars 2024 à MalindiImage : Luis Tato/AFP/Getty Images

Au Kenya, c'est demain, le 16 juillet, que reprendra le procès du massacre de Shakahola, qui avait vu la découverte, l'année dernière, de plus de 400 victimes d'une secte religieuse.

Le pasteur Paul Mackenzie et ses complices sont jugés à Mombasa, la grande ville côtière du pays, et le procès se concentre pour le moment sur l'audition des témoins. La tragédie avait choqué l'opinion publique dans ce pays fortement chrétien.

Interview avec le Prof. Gaston Mwene Batende sur les sectes en Afrique

Des centaines de cadavres dans la forêt de Shakahola

En avril 2023, les autorités kenyanes avaient fait la découverte morbide de centaines de victimes dans la forêt de Shakahola, aux alentours de Malindi, sur la côte.

Un pasteur avait convaincu ses adeptes de jeûner jusqu'à la mort en prévision de la fin du monde. Il les encourageait aussi à affamer leurs enfants, voire à les étrangler. Au total, 429 corps ont été exhumés.

Un pasteur et 94 co-accusés

Le procès du pasteur Paul Nthenge Mackenzie et de ses 94 complices présumés a commencé le 8 juillet au tribunal de Shanzu, dans le sud du littoral. 90 témoins composés de victimes, de scientifiques, de psychologues et autres experts doivent être entendus.

L'Etat accuse le groupe de personnes incriminées d'activités criminelles organisées et de radicalisation. Le pasteur et deux autres personnes sont en plus inculpés pour des faits de terrorisme.

Victor Kaudo, le directeur d'un centre communautaire de Malindi, assiste au procès. Il est particulièrement surpris par l'incapacité du gouvernement à identifier les victimes :

"Ce qui me choque le plus, c'est que le gouvernement prévoit une tombe commune pour tous les corps qui restent. Seulement 12 corps ont été identifiés grâce à une correspondance ADN. Si le gouvernement kenyan ne peut pas faire correspondre les ADN, alors c'est le moment de faire appel à l'aide d'autres pays."

Comment les religieux interagissent avec la politique

Le temps qui passe

Le massacre avait particulièrement choqué la société kenyane, très chrétienne et qui a tendance à s'en remettre au jugement des hommes d'église. Mais un an après, l'affaire est oubliée, d'après le professeur d'études religieuses, Stephen Akaranga :

"La manière dont les choses se passent au Kenya fait que quand un évènement survient, c'est brûlant et les gens veulent obtenir justice. Mais à partir du moment où ils attendent un jour, une semaine, un mois, deux mois, les gens commencent à se demander si l'affaire judiciaire est finie, et ils ne suivent plus. C'est ce qu'il se passe ici."

De nombreuses voix, notamment religieuses, avaient appelé le gouvernement à renforcer la régulation des églises indépendantes évangéliques ou pentecôtistes, qui pullulent au Kenya. Malgré les annonces, l'Etat semble aussi être passé à autre chose et aucune réforme n'a eu lieu.