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Primera Gold, une entreprise au coeur d'une polémique en RDC

Paul Lorgerie
29 août 2023

En République démocratique du Congo, la présence de l'entreprise émiratie Primera Gold, active dans le pays depuis le début de l'année, fait débat.

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Locaux de Primera en RDC
La société Primera Gold bénéficiait d'une réduction de 1,5% à 0,25% des taxes d'exportation d'or pour pouvoir investir dans le Sud-KivuImage : Alexis Huguet/AFP/Getty Images

Alors que le député Alfred Maisha critiquait, la semaine dernière, la situation de monopole dont bénéficierait l'entreprise Primera Gold, le docteur Denis Mukwege s'est joint à lui et a appelé la jeunesse du Sud-Kivu à se lever contre les agissements dits "opaques " de la firme. Des accusations balayées par le gouvernement qui s'est expliqué. 

Un nouveau partenaire commercial qui passe mal

L'année dernière, la société Primera Gold, enregistrée au Congo mais dont les actionnaires sont émiratis, bénéficiait d'une réduction de 1,5% à 0,25% des taxes d'exportation d'or pour pouvoir investir dans le Sud-Kivu, région en proie au pillage du métal jaune et qui compte encore de nombreux groupes armés

Un manque à gagner qui, selon le ministre des Finances congolais, Nicolas Kazadi, est aujourd'hui une réussite.  

"Jusqu'à l'année dernière, dans cette partie frontalière du Rwanda, on parlait de 26 à 27 kilos d'or produit. Primera Gold RDC est entrée en action en janvier 2023 et en à peine six à huit mois, trois tonnes ont été exportées, rien que sur le Sud-Kivu" explique le ministre.

Donc si l'or existe bel et bien dans cette partie du pays, son trafic ne rapportait absolument rien à l'Etat congolais ce qui, toujours selon le ministre des Finances, serait du passé.  

Il précise que : " Les trois tonnes que nous avons exportées à ce jour nous ont rapporté entre 1,5 et 1,7 millions de dollars. Dont à peu près 400.000 dollars à la douane, 79.000 dollars de taxes directes et donc, globalement, nous sommes dans une situation avantageuse parce que nous nous sommes battus pour retrouver notre souveraineté économique sur le plan douanier et sur le plan minier".

Ecoutez les précisions de Paul Lorgerie

Des zones d'ombres

Mais si Primera Gold compte bien investir dans la région, des zones d'ombres demeurent pour certains observateurs. 

Depuis l'Europe, Jean-Claude Mputu, porte-parole du collectif "Le Congo n'est pas à vendre", reconnaît l'utilité d'une telle entreprise et ne conteste en rien les données du gouvernement. Mais il regrette que certaines zones opaques demeurent, notamment au sujet des contrats.   

"On n'a encore aucun document public, les annexes de la joint-venture n'ont pas été publiées, nous n'avons pas la liste des bénéficiaires tel que l'exigent les normes ITA (normes relatives à l'extraction minière artisanale, ndlr). Bref, il existe encore un certain nombre de zones d'opacité" estime Jean-Claude Mputu.

Pour autant, le gouvernement a confirmé que le partenariat avec la société émiratie irait plus loin avec la mise en service prochaine de Primera Metals, cette fois-ci spécialisée dans le coltan, l'étain et le tungstène.