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Un projet de déploiement qui fait polémique en RDC

Zanem Nety Zaidi
10 janvier 2023

Le Soudan du Sud a annoncé vouloir envoyer 750 militaires en RDC pour combattre le M23. Mais ce projet ne fait pas l'unanimité pour plusieurs raisons.

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Des soldats des FARDC.
Le Soudan du Sud a annoncé vouloir envoyer 750 militaires pour lutter contre le M23 aux côtés des FARDC.Image : Alexis Huguet/Getty Images/AFP

Le 29 décembre dernier, le Soudan du Sud a annoncé vouloir envoyer 750 militaires en République démocratique du Congo pour combattre les rebelles du M23. Selon Juba, ils seront intégrés à la force régionale mise en place sous l'égide du Kenya pour pacifier l'est de la RDC. Mais leur arrivée ne fait pas l'unanimité pour plusieurs raisons.

À Goma tout comme dans le territoire de Nyiragongo dans la province du Nord-Kivu, les habitants se montrent dubitatifs à l'annonce de l'envoi de nouvelles troupes étrangères pour mettre fin à l'insécurité dans l'est du pays.

Gabriel Kashugushu, rencontré à Goma ne voit pas la nécessité du déploiement de ces nouvelles troupes puisque selon lui, les forces déjà présentes semblent ne rien faire sur terrain. 

Des soldats kenyans se déplacent dans un véhicule à Goma.
Patrouille de soldats kenyans à Goma.Image : Jane Barlow/PA Wire/empics/dpa/picture alliance

 "Les troupes soudanaises ne sont pas les bienvenues, pourquoi ? …parce que même les troupes qui sont venues avant elles n'ont jamais donné de bons résultats. Nous avons l'UPDF, disons des troupes ougandaises qui sont ici depuis bientôt une année dans une opération militaire, mais les résultats sont jusque-là non visibles parce que les populations continuent toujours de rester dans la forêt, la population n'a pas encore regagné ses villages et il y a aussi les troupes kenyanes qui sont ici bientôt trois mois, si je ne me trompe pas, trois mois ou quatre mois, mais on n'a pas eu de résultats. Elles sont en train de faire la politique au lieu de combattre pour la sécurité en République démocratique du Congo" explique Gabriel. Un point de vue partagé par Claude Habyakaremye qui dit garder de mauvais souvenir du passage des éléments ougandais dans l'est de la RDC en 2017.

"Une expérience malheureuse"

A en croire Claude Habyakaremye, qui vit à Buumba dans le Nyiragongo, l'expérience passée avec les Ougandais ou les Soudanais n'est pas bonne à revivre.

"Avec le Soudan on a quand même une expérience très malheureuse. Si vous pouvez vous rappeler en 2017 c'était encore le cas, on les a malheureusement cantonnés dans le camp de la Monusco, sans consulter et la population de Goma et la population de Nyiragongo. Pourtant ce sont ces deux zones qui ont été victimes directement de leurs bavures. Vous savez, vous allez vous rappeler qu'en 2017, ils ont aussi été l'une des sources de l'insécurité dans le Nyiragongo et dans la ville de Goma qui est voisine au territoire de Nyiragongo. Avec une expérience récente, s'il faut chercher un ami qui va nous aider à vaincre la guerre dans l'est, je pense que ce n'est pas le Soudan. Il y a eu balkanisation au Soudan, il y a eu Soudan du Nord et Soudan du Sud. Je ne sais pas si c'est à un pays qui a moins de deux ans et qui est en train de construire son armée, qu'il faut faire appel…" se demande-t-il.

Ecoutez les précisions de Zanem Nety Zaidi

A en croire Amiral Bahati, chercheur indépendant spécialisé en géostratégie, le gouvernement congolais a mieux à faire que de  compter sur les pays de la région. Pour lui, Kinshasa devait plutôt trouver une puissance comme partenaire.

"Quand la RDC est en train de faire par exemple recours à un pays qui fraichement vient d'être indépendant et qui est en train d'organiser son armée, je trouve que c'est scandaleux et ça n'a pas de sens. Il fallait que la RDC choisisse par exemple un pays membre du conseil de sécurité des Nations unies, c'est-à-dire un des pays puissants pour essayer de restaurer la paix et lutter contre les groupes armés qui sont très récurrents dans la partie est surtout" estime le checheur. 

Pour rappel, en octobre 2017, des rebelles sud soudanais ont été cantonnés dans un site de la Monusco dans le Nord-Kivu. Et ces derniers avaient été accusés de violences sur les populations civiles.