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Le flou sur l'assassinat des experts des Nations unies

Fiacre Ndayiragije
26 avril 2017

Le gouvernement a présenté lundi une vidéo impliquant les miliciens Kamwina Nsapu dans l'assassinat des experts onusiens au Kasaï en mars dernier. Mais des défenseurs des droits de l'Homme émettent des doutes.

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Kongo tödliche Proteste gegen Kabila
Image : Getty Images/AFP/J. Wessels

'Ils tiennent absolument à orienter la justice...'Paul Nsapu FIDH - MP3-Stereo


En République démocratique du Congo, la Commission des Nations Unies pour les droits de l'Homme dénonce la diffusion sur internet de la vidéo montrant l'assassinat de deux experts de l'ONU au Kasaï. Cette commission estime que la publication est de nature à gêner les enquêtes en cours. 

Cette vidéo de près de 7 minutes montre des hommes portant les bandeaux rouges caractéristiques des miliciens de Kamwina Nsapu. Deux occidentaux se trouvent parmi ce groupe d’hommes armés, dans la brousse, où ils sont tués par balles avant d’être décapités. Lors de la présentation de cette vidéo lundi, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a attribué ces assassinats filmés aux miliciens Kamwina Nsapu et annoncé que 39 policiers congolais ont également été tués par ces mêmes miliciens. Interrogé par la DW, le porte-parole du gouvernement congolais se montre désormais plus prudent. "Je ne communique pas sur la vidéo, c’est interdit, puisque c’est une procédure qui est en cours", a expliqué Lambert Mende.

Kongo Kananga Tshimbulu MONUSCO
Image : Reuters/A. Ross

Le doute des ONG

De son côté, Paul Nsapu de la FIDH, la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, réfute ces allégations des autorités congolaises. Dans quel intérêt les populations du Kasaï s’en prendraient-elles à des experts qui enquêtent sur les crimes dont elles-mêmes sont victimes, s’interroge ce militant qui connait bien la région du Kasaï pour y avoir travaillé. Paul Nsapu n'exclut pas la possibilité d'un montage fabriqué par les autorités.  "Les hauts magistrats militaires ont été obligé de remettre aux autorités une pièce maitresse dans l’enquête, affirme Paul Nsapu. Ils tiennent absolument  à orienter la fameuse justice qui n’a jamais existé au pays".

La Commission des Nations Unies pour les droits de l’Homme, qui avait diligenté les experts assassinés, attend pour le moment l’aboutissement des enquêtes. Selon Barbara Matasconi, une experte de cette comission, ses collègues "sont entrain de travailler sur la vidéo et nous pensons  que les images sont celles de nos collègues assassinés, mais nous ne pourrons pas nous prononcer a ce stade sur les responsabilités de ces actes ignobles".

Plusieurs enquêtes se déroulent donc parallèlement, et selon Barbara Matasconi,  la Commission des Nations Unies pour les droits de l’Homme échange avec la justice congolaise toute information susceptible de les faire progresser.