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RDC et Rwanda s'affrontent aussi à la tribune de l'Onu

Jean-Claude Abalo
29 janvier 2025

Mardi soir (28.01.2025), les représentants des deux pays ont eu des échanges houleux devant le Conseil de sécurité qui examinait la situation à Goma.

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Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre congolaise des Affaires étrangères
Devant le Conseil de sécurité réuni en urgence, Thérèse Kayikwamba Wagner a appelé la communauté internationale à réagir rapidementImage : Yuki Iwamura/picture alliance/AP Photo

La situation explosive entre la République démocratique du Congo et le Rwanda a de nouveau capté l'attention de la communauté internationale au siège des Nations Unies.

Mardi soir (28.01.2025), le Conseil de sécurité a été le théâtre d'échanges parfois houleux entre les représentants de deux États voisins, englués depuis des années dans un conflit alimenté par des violences armées dans la région des Grands Lacs.

Les préoccupations se sont concentrées sur la recrudescence des affrontements impliquant le mouvement rebelle M23

La cheffe de la diplomatie congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, a pris la parole avec fermeté pour exposer les doléances de son gouvernement devant le Conseil.

Elle a présenté cinq demandes majeures, parmi lesquelles figurent la cessation immédiate des combats, le retrait sans condition des troupes étrangères, dont les forces rwandaises, et l'imposition de sanctions ciblées contre les responsables identifiés comme instigateurs de cette "agression flagrante".

Appel pressant à la communauté internationale

S'exprimant avec une vive émotion, la ministre a dénoncé le rôle présumé du Rwanda dans la déstabilisation de l'est de la RDC, où le M23 continue de contrôler plusieurs localités stratégiques, avant de lancer un avertissement, sous le regard attentif des représentants des grandes puissances :

"Si ce Conseil échoue, la rue s'en chargera. La rue n'a ni ordre ni tempérament. Il y a 48 heures, nous avons de nouveau attiré votre attention sur la déclaration de guerre du Rwanda contre mon pays. Une balle qui frappe au cœur ne saurait laisser le reste du corps indifférent."

Kigali accuse Tshisekedi d'entraver la paix 

Face à ces accusations, le représentant permanent du Rwanda auprès des Nations Unies, Ernest Rwamucyo, a rejeté en bloc les allégations de son homologue congolaise.

Il a appelé au retrait de toutes les forces étrangères présentes en RDC, y compris celles qu'il qualifie de "milices alliées à Kinshasa", tout en reprochant à Félix Tshisekedi de privilégier une "logique belliqueuse" :

"La détérioration de la situation sécuritaire dans l'est de la RDC a une cause immédiate : l'obsession du président Tshisekedi pour une solution militaire et son insistance sur un changement de régime au Rwanda. Cette crise aurait pu être résolue depuis longtemps si le président Tshisekedi avait fait preuve de volonté politique et de bonne foi pour trouver une solution durable au conflit."

Pas de position commune au sein de l'Onu

Le Conseil de sécurité a, lui, exprimé sa profonde préoccupation face à l'escalade des violences.

Il a exhorté les parties à reprendre sans délai les pourparlers diplomatiques dans le cadre du processus de Luanda, initié sous la médiation de l'Angola, afin de parvenir à une résolution pacifique du conflit.

Plusieurs États africains présents, notamment le Burundi, le Sénégal et le Zimbabwe, ont appuyé cet appel en demandant au Rwanda de faire preuve de retenue.

Cependant, malgré la gravité de la situation, aucune résolution officielle n'a été adoptée lors de cette "session d'urgence”. Dans les coulisses, certains diplomates présents ont reconnu que des divergences persistent au sein même du Conseil quant aux moyens de faire pression sur Kigali et Kinshasa pour mettre fin à la crise.

 

Jean-Claude Abalo Correspondant à New York aux Etats-Unis pour le programme francophone de la Deutsche Welle