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Une loi pour se "marier sans stress"

Lilas Nyota
16 mai 2023

Une nouvelle loi prévoit de réduire la durée des fiançailles et les montants des dots réclamés par les familles en RDC.

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Cérémonie de mariage
La loi devrait faciliter le mariage Image : Heiner Heine/imageBROKER/picture alliance

Hormis la liste des biens à donner suivant les coutumes des époux, la dot ne devrait pas dépasser 400.000 francs congolais en milieu rural et un million de francs congolais en milieu urbain. Ce qui équivaut à environ 180 et 400 dollars américains. A Lubumbashi, dans le sud du pays, les jeunes Congolaises et Congolais ont accueilli cette proposition de loi  avec scepticisme pour certains et soulagement pour d'autres.

Une loi qui passe mal

Julie, vendeuse de légumes au marché Karavia est totalement contre le montant de la dot fixé à 500 dollars."Que ferais-je avec 500 dollars face aux multiples dépenses du mariage ?" s'interroge-t-elle.

Comme Julie, Fanny, une autre commerçante dit avoir beaucoup investi dans les études de ses filles pour les marier à 500 dollars. Une somme dérisoire selon les deux amies. 

"J'ai neuf filles, je n'ai pas de travail mais je me bats pour qu'elles aillent à l'université, si elles achèvent leurs études je peux demander 1.500 à 2.500 dollars" assure-t-elle.

Cérémonie de mariage
Les jeunes doivent dépenser beaucoup d'argent pour la célébration du mariageImage : imago stock&people

En RDC, les jeunes prétendants au mariage sont parfois obligés de réunir l'argent et les biens de la dot qui envoisinent 4.000 à 6.000 dollars. A cela s'ajoutent les vêtements pour la cérémonie et la nourriture des invités. En dehors de la dot, il y a les dépenses lors de la célébration du mariage civil et religieux.

Des sommes que n'ont pas tous les jeunes qui mettent alors des années avant à se marier.

"Se marier sans stress"

Patrick coiffeur, trouves en cette loi une occasion de se marier sans stress. Selon lui "c'est bien, les 500 dollars vont nous aider à nous marier très vite".

Si pour beaucoup cette réforme n'a pas lieu d'être car elle réduit la femme au rang d'objet, Trésor Kasombé, responsable de chorale, estime qu'elle mettra fin au marchandage des filles par les parents.

"Ce que le prétendant pourra réunir et donner ne voudra le sacrifice que les parents ont consenti. Rien du tout. La dot est un symbole. Déjà à l'époque, nos ancêtres ne prenaient pas des dons en espèce, c'était en nature tout simplement. C'est avec la modernisation qu'a l'absence de tel bien en nature vous pouvez donner l'équivalent. Du coup on s'est retrouvé avec une dot en espèce par laquelle certains aujourd'hui en font un peu trop" précise-t-il à la DW.

Ecoutez les précisions de Lilas Nyota

 Claude, père de famille, a marié trois de ses quatre filles selon les normes de la coutume. Il suggère que les autres familles congolaises en fassent autant.

"Les biens en nature, on devrait rester dans la tradition et demander juste ce qui est traditionnel " estime Claude.

Jenny Kibwe, 37 ans et encore célibataire. Elle confie hors micro avoir été victime de fiançailles "à durée indéterminée", selon ses mots. Après cinq ans de relations, son fiancé s'est envolé pour Kinshasa la capitale, pour y épouser une autre femme.

C'est pour combattre ce genre d'abus que le député de la majorité Daniel Mbau propose cette loi. Si elle est adoptée, les couples pourront voir leurs fiançailles dissoutes si, douze mois après s'être fiancés, les futurs époux ne se marient pas.