RDC : coup d'envoi des tractations politiques
21 janvier 2019Selon le calendrier électoral publié par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Félix Tshisekedi devrait prêter serment ce mardi 22 janvier. Mais à en croire Vidiye Tshimanga, le porte-parole du président élu, la cérémonie pourrait être repoussée au jeudi 24 janvier. Il confirme aussi que des négociations sont en cours avec le pouvoir sortant en vue de la formation du nouveau gouvernement.
"Aujourd'hui, on ne peut pas appeler cela des tractations. Nous appelons cela des contacts. Et il faut bien entendu trouver les voies et moyens pour que le gouvernement qui sera présenté puisse répondre à des attentes qui seront celles de pouvoir mettre au travail et crédibiliser la feuille de route et le programme que le président Félix Tshisekedi pilotera avec le chef de gouvernement", a expliqué Vidiye Tshimanga à la DW.
Le FCC revendique la Primature
Le message n'est pas tout à fait le même dans le camp Kabila. Car on reconnait que des tractations sont bien en cours. Conformément à la Constitution du pays, le Front commun pour le Congo, majoritaire à l’Assemblée nationale, revendique le poste de Premier ministre.
"Le FCC, qui est notre famille politique, rassemble le plus grand nombre de députés nationaux. Et il est tout à fait normal que ce sera ce regroupement politique qui va designer le prochain Premier ministre. Toutes ces nominations sont sujettes à des négociations, à des tractations politiques. On verra ce qui va arriver", soutient Barnabé Kikaya Bin Karubi, président du Conseil diplomatique du président sortant, Joseph Kabila, et porte-parole du FCC.
Une question taraude cependant les esprits en RDC : Martin Fayulu, officiellement arrivé deuxième de cette élection présidentielle, va-t-il accepter de collaborer avec le nouveau pouvoir ? Pour Prince Epenge, l'un des porte-parole de Martin Fayulu, "il est hors de question d’aller à la mangeoire. C’est notre candidat qui a gagné".
Heurts entre partisans de Fayulu et de Tshisekedi
Des heurts ont été signalés entre des partisans de l'opposant Martin Fayulu et des conducteurs de motos-taxis considérés comme des proches de Félix Tshisekedi.
Environ 300 partisans de M. Fayulu, rassemblés au centre-ville pour y tenir une réunion publique, s'en sont pris à une poignée de conducteurs de motos-taxis. Les manifestants ont très vite été dispersés par la police.
Aussi, un journaliste d'Actualité.cd "a été brutalisé par les policiers" devant le siège du MLC, (Mouvement pour la Libération du Congo de Jean-Pierre Bemba), selon ce site d'information congolais.
La reculade de l’Union africaine
Pendant ce temps, Félix Tshisekedi continue de recevoir des messages de félicitations, notamment de certains dirigeants de la sous-région, comme du Burundi, de la Tanzanie, du Kenya, ou de l’Afrique du sud.
Après avoir adopté un ton offensif inédit jeudi dernier, l’Union africaine a fini par lâcher du lest. Selon Stéphanie Wolters qui dirige la division Paix et sécurité à l'ISS, l'Institut d'études de sécurité de Pretoria, "l’UA a compris que c’était un non-sens. Se rendre en RDC pour discuter des solutions qui étaient déjà rendues caduques par la décision de la Cour constitutionnelle n’allait pas changer grand-chose." Beaucoup d’analystes que nous avons joints partagent cette analyse.
L'Union africaine, qui a reporté sa mission prévue ce lundi (21.01.2019) à Kinshasa, a "pris note" de la proclamation de Félix Tshisekedi comme président par la Cour constitutionnelle de la RDC.
"La Commission réitère également la disponibilité continue de l'Union africaine à accompagner la RDC en cette phase critique de son histoire, en solidarité avec le peuple congolais" a poursuit le communiqué de l'UA datant du dimanche 20 janvier.
Par ailleurs, "la Commission lance un appel à tous les acteurs pour qu'ils œuvrent à la préservation de la paix et de la stabilité, ainsi qu'à la promotion de la concorde nationale dans leur pays".
Enfin, un rapport sera soumis au sommet de l'UA prevu en février "sur les efforts entrepris en solidarité avec, et en soutien à, la République démocratique du Congo", conclut le communiqué.
Prudence de la France
Après avoir estimé la semaine dernière que c’est l'opposant Martin Fayulu qui est "a priori" le vainqueur, la France "prend note" de la victoire de Félix Tshisekedi à l'élection présidentielle du 30 décembre 2018 en RDC.
"Cette élection a permis aux Congolais d'exprimer avec force et dans le calme leur désir d'alternance", selon la porte-parole du Quai d'Orsay lors d'un point de presse électronique. "Nous formons le vœu que le nouveau président sache y répondre et l'appelons à poursuivre le dialogue avec l'ensemble des acteurs du pays pour y parvenir", a-t-elle poursuivi.