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Colère des usagers après l'interdiction des motos à Gombe

Jean-Noël Ba-Mweze
14 février 2024

La mesure a été décidée par les autorités mais il n’est pas certain qu’elle soit respectée à Gombe à Kinshasa, où l'accès aux transports est difficile.

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 Des buildings à Kinshasa
Samedi, des biens ont été saccagé dans la commune huppé de la Gombe, où la majorité des représentations diplomatiques et des centres d'affaires sont installées. Image : Getty Images/AFP/J. Kannah

Les autorités de la République démocratique du Congo ont interdit la circulation des motos dans le quartier de la Gombe, dans la capitale Kinshasa, qui abrite les ambassades, les institutions de la République et les activités économiques.

Cette décision a été prise à la suite des manifestations du week-end dernier (10.02.2024).

Des jeunes, essentiellement des conducteurs de motos-taxis, avaient en effet exprimé leur colère devant plusieurs représentations diplomatiques et la mission des Nations unies dans le pays.

Ils voulaient dénoncer l'indifférence internationale face aux violences dans l'Est de la RDC.

Parmi les mesures prises à l'issue de la réunion de sécurité tenue dans la soirée de lundi (13.02.2024), figurent l'interdiction de la circulation des motos, mais aussi des vendeurs ambulants dans la commune de la Gombe.

Les mesures pourraient se heurter à des difficultés

Ces mesures devaient entrer en vigueur à partir de ce mardi, comme l'a précisé le général Benjamin Alongaboni, commissaire divisionnaire principal de la police nationale congolaise. 

"Toutes les motos qui seront retrouvées en ville seront d'abord saisies, ensuite le propriétaire ou l'utilisateur sera mis en détention. Tous ces badauds qui ne font rien et sillonnent la ville toute la journée seront tous arrêtés et mis dans un lieu sérieux pour répondre de leurs actes. Il est strictement interdit de les voir sillonner dans la ville. Les revendeurs aussi, évidemment. Tout attroupement en ville est interdit. Nous ne pouvons pas avoir plus de cinq, six personnes qui s'attroupent en ville", a-t-il prévenu.

Des batiments à Kinshasa
Cette semaine à Kinshasa, des jeunes ont manifesté devant plusieurs ambassades contre un supposé soutien apporté au Rwanda par les pays occidentaux.Image : Creative Commons/Moyogo

Mais la mise en application de ces mesures pourrait se heurter à certaines difficultés.

Les moto-taxis sont souvent une solution pour les jeunes qui ont fini leurs études et ne trouvent pas d'emploi.

Les Kinois ont aussi beaucoup de mal à trouver des transports en commun dans une ville, dont la population est estimée à plus de 16 millions d'habitants.

Des mesures pas encore respectées

Mardi (13.02.2024), quelques dizaines de moto-taxis ont ainsi continué à circuler dans le quartier de la Gombe, certains affirmant qu’ils n'étaient pas au courant de l’interdiction. Mais globalement, il y en avait moins que d’habitude.

Ceux qui circulent encore le font essentiellement pour des raisons existentielles, explique William Ongonyu, qui est membre de la Commission de réconciliation et de gestion des conflits de la SADC.

"Si aujourd'hui la décision n'est pas respectée, je pense que c'est par rapport à la souffrance et à la pauvreté, puisque le Congolais mange au jour le jour. Quand il ne sort pas, il ne mange pas. Et en ville, où se trouve la crème de toute la population kinoise, c'est là où il travaille. Le transport est très difficile ici à Kinshasa. Quand les moto-taxis ne travaillent pas, le transport est difficile", a-t-il expliqué.

Les moto-taxis jouent en effet un rôle très important à Kinshasa, où ils facilitent la mobilité de la population qui fait face à d'énormes embouteillages dans une ville où les  routes secondaires n'existent quasiment pas.