Quel avenir pour le nucléaire en Allemagne ?
18 mai 2011Après la catastrophe de Fukushima au Japon, cette commission avait été chargée par le gouvernement allemand d'estimer les risques liés aux centrales en Allemagne, notamment dans le cas de crashs aériens. Conclusion des experts : plusieurs réacteurs ne sont pas suffisamment sûrs.
La Commission sur la sûreté des réacteurs nucléaires a laissé de nombreuses questions en suspens, écrit la Süddeutsche Zeitung, mais au moins il y en a une à laquelle elle a répondu clairement : sept des 17 réacteurs du pays n'auraient aucune chance face au crash d'un avion de taille moyenne. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, il y a eu plusieurs études qui sont arrivées à la même conclusion, mais on les a toujours délibérément ignorées. Après ce qui s'est passé à Fukushima, ce n'est plus possible aujourd'hui. Les plus vieux réacteurs allemands doivent être définitivement mis à l'arrêt.
Pour la première fois, l'Allemagne pourrait trouver un consensus sur le nucléaire et accélérer la transition énergétique, affirme la Frankfurter Rundschau. Malgré toutes les critiques sur son déroulement, l'examen des centrales montre que tous les réacteurs ont des faiblesses, ce qui appelle à une sortie rapide du nucléaire. Mais pour imposer cette mesure, le gouvernement doit faire preuve de courage face aux grandes entreprises du secteur.
Pour Die Welt, les réacteurs allemands ne sont ni plus sûrs ni moins sûrs qu'avant, le nouvel examen des centrales n'a pas appris grand-chose. Le seul aspect du rapport que les militants anti-nucléaire peuvent faire valoir, c'est le manque de protection des centrales nucléaires allemandes face à d'éventuelles attaques terroristes. Une conclusion à laquelle on est arrivé il y a dix ans déjà. Ce qui n'a pas empêché l'élection en 2009 d'un gouvernement qui voulait prolonger la durée de fonctionnement des réacteurs allemands. Le besoin de sécurité de la population varie en fonction de l'époque. Et qu'il soit rationnel ou non, c'est lui qui décide du résultat des urnes.
La commission ne devait pas véritablement fournir de nouveaux éléments, analyse la Tageszeitung. Sa mise en place avait pour seul objectif de légitimer le changement de cap dans la politique énergétique de la chancelière Angela Merkel. Les auteurs du rapport concèdent eux-mêmes qu'ils n'ont pas eu assez de temps ni assez de données pour analyser en détail le manque de sûreté des centrales. Ils affirment par ailleurs que malgré tous les problèmes, les réacteurs nationaux sont « très robustes ». Le danger est donc grand de voir les lobbyistes du nucléaire se servir de ce rapport rédigé à la hâte pour servir leurs intérêts.
Auteur : Aude Gensbittel
Edition : Sébastien Martineau