Quatre ans après l’indépendance autoproclamée d'Ambazonie
1 octobre 2021
Le 13 septembre dernier, sept soldats camerounais ont été tués à des postes différents en zone anglophone par des présumés séparatistes. Trois jours plus tard, 15 autres soldats ont péri dans une embuscade et deux blindés ont été brûlés.
Une militante des droits humains, qui vit dans le Sud-Ouest anglophone et qui préfère garder l’anonymat, explique le drame que vivent les populations civiles dans cette zone où, officiellement, environ 1.500 soldats camerounais sont déjà morts.
"Dans les zones rurales, vous ne verrez pas de véhicules circuler ou les gens vaquer à leurs occupations. Les séparatistes ont publié des communiqués contradictoires. Certains ordonnent des villes-mortes et d'autres, comme ceux du leader ambazonien Chris Anu, demandent aux gens de poursuivre leurs activités. Alors, les gens sont confus. Ils ne savent pas quoi faire", a-t-elle déclaré.
Les séparatistes font régner la terreur
Les sécessionnistes ont en effet ordonné deux semaines de villes-mortes jusqu'au 30 septembre, veille de leur déclaration symbolique d'indépendance.
Le ministre camerounais de la Défense, Beti Assomo, lors d'une réunion à Bamenda le 22 septembre, a ainsi déclaré que les séparatistes sont de plus en plus sophistiqués dans leurs attaques.
Elie Smith, secrétaire général de la Conférence générale des anglophones, dont le cardinal Tumi fut l'initiateur, est du même avis.
"Ils ont commencé par utiliser des mines automatiques, qu'on appelle en anglais IED (Improvised explosive devices). Et puis, maintenant, ils utilisent des roquettes. La tactique de combat a changé, ils sont devenus plus professionnels".
Beti Assomo a par conséquent annoncé le renforcement de la logistique militaire et du nombre de soldats en zone anglophone.
Le Grand dialogue national.
La nouvelle puissance de feu des séparatistes n'étonne pas Elie Smith qui estime que les séparatistes ne se focalisent plus sur les civils mais plutôt sur l'armée.
"Mon observation est qu'ils ont établi des relations avec d'autres groupes en Afrique de l'Ouest et en Afrique sahélienne. Par exemple, ceux qui sont en train de faire des explosifs, ils sont allés au Pakistan. Il y a une deuxième vague maintenant qui est dans le Sahel, qui apprend avec les groupes djihadistes. Cela ne veut pas dire qu'ils sont djihadistes. Mais ils veulent avoir le professionnalisme pour infliger de lourdes pertes à l'armée et forcer le gouvernement soit à négocier avec eux, soit à les chasser de leur propre territoire", a estimé le secrétaire général de la Conférence générale des anglophones.
La guerre en zone anglophone avait obligé en 2019 le gouvernement camerounais a organisé le Grand dialogue national. Un statut spécial a été accordé aux deux régions anglophones. Mais deux ans plus tard, ce statut n'est toujours pas appliqué.
Pourtant, certaines institutions ont été créés telles que le “Public independent conciliator”, médiateur entre le peuple et l'administration locale, la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme ou encore le Comité national de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants séparatistes anglophones et de Boko Haram. Un comité créé le 30 novembre 2018.