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Procès au Niger: un déni de justice selon les ONG

Mahamadou Abdoulkarim
27 mars 2018

Les quatre principaux leaders de la société civile et l'opposant qui avaient appelé à braver l'interdiction de la manifestation dimanche dernier ont été inculpés. Les ONG dénoncent un recul de la démocratie.

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Niger Protest gegen das Haushaltsgesetz der Regierung
Image : picture-alliance/AA/B. Boureima

"C'est vouer la démocratie aux oubliettes" (Abdoulaye Issaka)

Après 48 heures de garde à vue, les 23 personnes interpellées à la suite de la manifestation contre la loi des finances interdite du dimanche 25 mars ont été déférés ce mardi  devant le procureur de la République. Le doyen des juges d'instructions a inculpé et placé sous mandat de dépôt les quatre principaux leaders et un opposantdans différentes prison de la région de Tillabéry.  Ils ont été inculpés pour participation à une manifestation interdite et destruction de biens publics et privés.

Le bâtonnier Maître Daouda Samna, dénonce une justice manipulée: "Aux environs de 9h30, et vers 10h déjà, le juge d'instruction,  avant même d'entendre les personnes, avait déjà son mandat écrit et déposé", explique-t-il. "L'heure est très grave, parce qu'un juge d'instruction, il instruit à charge et à décharge. Mais tout laisse croire que ce juge d'instruction, il est aux ordres."

Les organisations de défense de droit de l'homme s'indignent 

Pour Kanny Abdoulaye, coordonnateur du collectif des organisations de défense de droit de l'homme et de la démocratie, "cela relève du recul de la démocratie, cela relève également tout simplement du déni de justice".

Dans la foulée de la manifestation, le groupe de presse Labari, appartenant à Ali Idrissa, l'un des acteurs de la société civile incarcéré, a été fermé et reste gardé par les forces de l'ordre. Abdoulaye Issaka, président de l'association des journalistes contre la corruption, déplore cette situation. "Toute fermeture d'un organe de presse s'assimile à un recul, à une restriction des libertés, et tout simplement à un manque de démocratie. C'est vouer la démocratie aux oubliettes", affirme-t-il.

Sous bonne garde et escortés vers leurs lieux de leur détention, les acteurs de la société civile ont fait le signe de la victoire en direction de nombreux militants qui ont fait le déplacement pour venir au tribunal de grande instance.