Polémique en Allemagne après le départ de Mesut Özil de la Mannschaft / Les Guardians Angels, milice du bien dans le métro new-yorkais
Il est partout, ou en tous cas on parle de lui partout ! Radio, télé, journaux, au bureau, à la maison ou au café, Mesut Özil occupe une large place de l'actualité cette semaine. Mesut Özil, c'est ce joueur de foot allemand de 29 ans, né dans le nord-ouest du pays. Il joue aujourd'hui à Arsenal comme milieu de terrain, et était aussi membre de la Mannschaft, l'équipe nationale allemande, jusqu'à dimanche dernier, 22 juillet, où il a jeté l'éponge.
"Avec le cœur lourd et après beaucoup de réflexion, à cause des événements récents, je ne jouerai plus pour l'Allemagne de matches internationaux aussi longtemps que je ressens du racisme et du manque de respect à mon égard", a écrit Mezut Özil en anglais sur Twitter. Le joueur de nationalité allemande, dont les parents sont turcs, dit en avoir assez d'être vu comme turc quand l'Allemagne perd, et comme allemand quand elle gagne.
Des photos à l'origine de la polémique
Pour comprendre comment une telle polémique est arrivée, il faut revenir quelques semaines en arrière. Nous sommes le 13 mai dernier, avant les élections turques et avant la Coupe du monde. Ce jour-là, dans la soirée, des photos de Mesut Özil et de son compère Ilkay Gündogan avec le président turc en campagne, Recep Tayyip Erdogan, sont publiées sur Twitter. Il est écrit "à mon président" sur un maillot que l'un d'eux porte.
Ces photos vont déclencher une véritable bronca en Allemagne. Certains accusent les joueurs de jouer le jeu du président très controversé, et en mauvais terme avec l'Allemagne. Le sujet est sensible alors que l'Allemagne est le pays où vit la plus grande diaspora turque du monde, avec 3 millions de personnes. Ilkay Gündogan s'expliquera devant la presse. Mesut Özil, lui, se mure dans le silence.
Quelques semaines plus tard, l'Allemagne est éliminée de la Coupe du Monde, à la suprise générale, au premier tour, fin juin. C'est là que certains journaux raillent de mauvaises performances du joueur, faisant parfois référence à ses origines turques.
Depuis, chez les élus, les citoyens, les sportifs, deux visions s'affrontent. Ceux qui comprennent le joueur, et estiment que ces accusations de racisme sont fondées. "Il est regrettable qu'en 2018, un joueur de l'équipe nationale se retire à cause du racisme", confiait, par exemple, Erhard Grundl du parti Die Grünen, Les Verts, à la DW.
D'autres estiment que Mesut Özil n'a simplement "pas pris conscience qu'on ne pose pas avec un despote comme Erdogan !".
Racisme exacerbé
Pour parler de ce sujet qui va bien au-delà du sport, Vu d'Allemagne s'est entretenu avec Amar Azzoug. Président d'un centre culturel, à Moers, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dans l'Ouest, il est ingénieur, interprète, né en Algérie. Il avait lancé son association pour créer de la diversité et lutter contre le racisme il y a près de 26 ans. Et aujourd'hui il a un avis très clair sur cette affaire. "On a cherché un bouc émissaire, et c’était Özil", selon lui.
La polémique est, selon lui, le symbole d'un racisme d'une partie de la société. "Je n’ai pas souvenir de scandales comme cela en Allemagne, mais ce n’est de toute façon par réservé à l’Allemagne. Si la France n’avait pas gagné la Coupe du Monde, cela aurait été le même débat sur les Benzema et autres. Dans les annés 80, ce que moi j’ai vécu, c’était un racisme latent. Mais maintenant il est flagrant ! Il y a 20 ans on pensait, mais on n'en parlait pas. Aujourd’hui personne ne se gêne ! Il y a même un parti raciste, l’AfD, qui est au parlement et il faut voir ce qu’ils disent !"
Une polémique "utile" ?
Amar Azzoug dénonce plus largement les discriminations. "Si vous vous appelez Ali, Mohamed ou Hussein, vous aurez moins de chance sur le marché du travail, par exemple". Il évoque même une islamophobie en Europe. Et lorsqu'on lui fait remarquer que des mosquées sont présentes en Allemagne ou que des millions de musulmans vivent dans le pays , il évoque son expérience personnelle. "Il y a des mosqués, oui, mais depuis des années par exemple, on me demander de venir modérer entre les musulmans et les habitants autour des mosquées car il y a des problèmes".
Il espère que cet épisode Mesut Ösil servira de déclencheur à un débat plus large. "Il y a un travail de fond à faire. Il ne faut juste pas oublier ce thème après l’été ou tenter de mettre le débat sous le tapis en donnant quelques subventions à des associations pour faire croire que tout va mieux", conclut-il.
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Les Guardians Angels, anges gardiens du métro new-yorkais
Dans la deuxième partie du magazine, Vu d'Allemagne vous emmène à New York. Rencontre avec des milices, mais non armées et qui veulent le bien ! Depuis près de 40 ans les Guardian Angels - Anges Gardiens en français - traquent les agresseurs et les frotteurs du métro new-yorkais. Des hommes et des femmes qui se sont donné plus généralement pour mission de combattre toutes les violences souterraines.
Daniel Hoffman vous emmène à leur rencontre. Départ du voyage à Manhattan, devant l’une des entrées de Central Park. Vous découvrirez comment s'articule le travail bénévole de ceux qui "remontent les wagons un par un, contrairement à la police". Les Guardian Angels ont vu le jour à la fin des années 70 dans le Bronx, l’un des quartiers les plus malfamés de New York à l’époque.
Au cours des décennies suivantes, l’organisation s’est développée, à New York d’abord, puis dans le reste des Etats-Unis et à l’étranger. On trouve aujourd’hui des Guardian Angels dans 130 villes de 13 pays. Discrets dans le métro new-yorkais ces dernières années, les Ange Gardiens ont récemment repris leurs patrouilles face à la recrudescence des agressions souterraines constatée par les autorités locales.
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