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Peine de mort : les exécutions au plus haut depuis dix ans

Hugo Flotat-Talon | Ralf Bosen
29 mai 2024

Amnesty International dresse le bilan de l'application de la peine de mort dans le monde ce mercredi matin. Des chiffres terrifiants.

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Un lit de mort avec des sangles dans la prison d'État de Huntsville au Texas
24 personnes ont été exécutées aux Etats-Unis en 2023Image : epa/afp/dpa/picture alliance

C'est un rapport terrifiant AJOUTER ICI EN LIEN LE RAPPORT qui est publié ce mercredi matin : celui de l'ONG de défense des droits humains, Amnesty International, sur la peine de mort. Un rapport annuel qui fait le point sur le nombre de condamnations et d'exécutions connues dans le monde l'an dernier. Un rapport toujours sinistre, mais qui l'est cette année encore davantage que d'habitude.

En effet, en 2023, l'augmentation du nombre d'exécutions est drastique : + 31% par rapport à 2022, pour un total de 1.153 exécutions recensées dans le monde. Des personnes décapitées, pendues, fusillées ou empoisonnées. Le chiffre n'avait jamais été aussi haut depuis 2015.

En Afrique subsaharienne, l'augmentation est même "spectaculaire", relève Amnesty International : + 66% de personnes condamnées à mort, avec 38 exécutions recensées dans un seul et même pays : la Somalie. "La peine capitale est irréversible et constitue une violation flagrante des droits de l'homme. La Somalie et les quelques pays d'Afrique qui maintiennent encore la peine de mort doivent suivre la tendance régionale progressiste et abolir ce châtiment une fois pour toutes", écrit, dans un communiqué, Tigere Chagutah, directeur régional pour l'Afrique du Sud et l'Afrique australe.

Chine et Iran en haut de tableau

Si les chiffres sont aussi hauts, c'est notamment parce que parmi les 16 pays dans le monde qui pratiquent la peine de mort, nombreux sont ceux qui ont augmenté le nombre d'exécutions. C'est le cas par exemple de l'Iran. Le pays qui utilise cette sanction comme moyen de répression politique est responsable des trois quarts de ces peines capitales exécutées connues, avec au moins 853 executées.

"Pendant la pandémie de Covid-19, le nombre d'exécutions avait diminué dans le monde entier, en raison des mesures sanitaires dans les prisons", explique aussi, au micro de la DW, Max Meißauer, spécialiste de la peine de mort chez Amnesty International en Allemagne."Il n'y avait pas de disponibilité ou peu de ressources, de sorte que les exécutions ne figuraient pas en tête des agendas. Nous ne retrouvons plus du tout cette évolution dans les chiffres de 2023".

Ces chiffres morbides ne tiennent pas compte des pays où de nombreuses exécutions ont lieu, mais dont les chiffres sont tenus secrets. C'est le cas notamment de la Chine, de la Corée du Nord ou du Vietnam. Amnesty International parle de milliers de personnes tuées. "Il est toujours impossible de connaître la véritable ampleur du recours à la peine capitale dans ce pays, ces données étant classées secret d'Etat", regrette Amnesty International.

Recul politique dans plusieurs pays

Au-delà des chiffres, l'ONG s'inquiète aussi des évolutions politiques. Des Etats américains prévoient ainsi des réformes pour autoriser les pelotons d'exécution. La République démocratique du Congoa aussi annoncé, en mars, son intention de reprendre les exécutions capitales.

Toutefois, "à la fin de l'année 2023, des projets de loi visant à abroger ce châtiment cruel étaient en instance devant les parlements du Kenya, du Libéria et du Zimbabwe, ce qui ravive l'espoir que ce n'est qu'une question de temps avant que le monde ne se débarrasse complètement de la peine de mort", écrit Amnesty International dans son communiqué accompagnant la sortie du rapport ce mercredi.

"Il faut des conséquences diplomatiques"

L'ONG relève aussi que le nombre de pays pratiquant la peine de mort est à la baisse : 16 en 2023, contre 20 encore un an plus tôt. Il faut désormais que les pays abolitionnistes fassent pression dans cette direction, souhaite Amnesty. L'expert allemand de l'ONG, Max Meißauer, lance même un message au gouvernement allemand. "Nous souhaiterions que le gouvernement fédéral accorde à la lutte contre la peine de mort le poids diplomatique qu'elle mérite", insiste-t-il. "Que le gouvernement fédéral fasse suivre la lutte contre la peine de mort de conséquences diplomatiques claires dans le cas de pays qui se sont justement fait remarquer de manière négative dans les chiffres".

En Allemagne, la peine de mort a été abolie alors que le pays était encore divisé en deux. En 1949 à l'Ouest, et en 1987 à l'Est.