Paul Biya croit en sa réélection
7 octobre 2018Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, a 85 ans. Il est donné favori de cette présidentielle 2018. Il est le président qui est au pouvoir depuis le plus de temps de tout le continent africain.
25.000 bureaux de vote ont été déployés dans l'ensemble du pays. Mais certains observateurs de l'Union africaine ne sont pas présents dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest où les violences entre armée et séparatistes ont déjà fait plusieurs morts ce dimanche. Ce qui n'a pas empêché le président sortant, Paul Biya, candidat à sa propre sucession, d'afficher sa satisfaction ce dimanche, au sortir de son bureau de vote à Yaoundé :
"Je crois qu'élire un président de la République est un grand devoir pour tous les citoyens. Il y a donc ce sentiment de satisfaction pour le devoir accompli. Et puis je vois que les choses vont bien, il n'y a pas de bagarre, la campagne électorale s'est déroulée dans la sérénité.
Je félicite les Camerounais pour cette maîtrise d'eux-mêmes qu'ils ont montrée, il reste à souhaiter qu'ils gardent cette maîtrise d'eux quand on donnera aussi les résultats. Ceci représente une étape de plus dans le service public que je suis censé donner en tant que président, et ça représente pour moi aussi une grande satisfaction, si je suis élu, de voir que le peuple camerounais continue à me faire confiance."
L'écrivain critique Patrice Nganang estime au micro de la DW que Paul Biya sera "réélu avec près de 80%" des voix grâce à un système de fraudes alors que le président sortant n'a "même pas fait campagne".
La campagne a été marquée par la résurgence de violences en zones anglophones où des mouvements séparatistes ont promis de perturber le scrutin.
Plusieurs morts depuis ce matin
Depuis la matinée, l’armée a tué au moins trois hommes dans la région de Bamenda. Le gouverneur, Deben Tchoffo, a salué "la maturité des gens qui bravent les menaces pour remplir leur devoir de citoyen" alors qu’il faisait part de la présence "d’hommes armés qui tirent à l’aveugle pour faire peur aux votants".
Le directeur de l’ELECAM, la Commision électorale, a assuré que "la vague d’attaque" n’entamerait pas sa "détermination à faire [son] travail".
Paul Atanga, ministre de l’Administration territoriale, a tenté de rassurer en prévenant que la sécurité avait été renforcée.
Plus de 400 personnes ont été officiellement tuées au courant des douze derniers mois dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Plus de 430.000 déplacés empêchés de voter
Des centaines de milliers de déplacés de ces violences ou ayant fui les combats contre Boko Haram dans l’Extrême-Nord ne pourront pas voter ce dimanche car la loi prévoit qu’un électeur ne peut voter que dans la commune où il est inscrit sur les listes électorales.
En début de journée, la participation était faible dans les régions anglophones tandis que des files d’attentes de parfois plusieurs centaines de personnes étaient signalées devant les bureaux en zones francophones.
Vendredi, le candidat de l’opposition Akere Muna a quitté la course pour se rallier au candidat Maurice Kamto.
L'ombre de la crise anglophone
Les observateurs de l’Union africaine ont indiqué qu’ils ne seraient pas déployés dans les zones troublées du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. L’Union européenne, elle, n’a envoyé aucune mission d’observation pour ce scrutin.
La crise en zone anglophone a débuté il y a environ deux ans, par un mouvement de protestation d’enseignants et d’avocats qui reprochaient au pouvoir central (francophone) de les marginaliser. De là a émergé une contestation séparatiste allant jusqu’à déclarer l’indépendance de "l’Ambazonie" anglophone du Cameroun.
Les défenseurs des droits de l’Homme s’inquiètent des violences perpétrées par l’armée comme par les séparatistes dont les affrontements prennent les civils en étau.