Pas de porte de sortie en Libye
14 avril 2011La cause est toujours la même : personne en ce moment n'avance de bonne solution sur la Libye et cette incertitude fait bien sûr le jeu du colonel Kadhafi. Au Caire, parmi les idées discutées par la Ligue arabe se trouve celle d'un cessez-le-feu. Formidable! Encore faut-il être en mesure de le faire appliquer. Pour cela, la Ligue arabe évoque le déploiement d'une force internationale. Sans préciser bien entendu laquelle ni qui fournira les contingents. Or, au vu de l'enlisement militaire on peut penser qu'aucun pays ne va se bousculer pour envoyer des hommes sur place.
A Berlin, les discussions s'annoncent toutes aussi difficiles entre des alliés très divisés. Pour la simple raison que seul six pays – sur les 28 que compte l'alliance – participent à l'offensive militaire en Libye. Or, depuis que l'OTAN a pris le commandement de cette offensive et que les Etats-Unis s'en sont retirés, la France et la Grande-Bretagne assurent la moitié des bombardements. Ils veulent donc profiter de cette réunion pour réclamer une participation plus active des autres alliés. « Nous devons maintenir et intensifier nos efforts au sein de l'OTAN », a déclaré avant la réunion de Berlin William Hague, le ministre britannique des Affaires étrangères. « Bien sûr, il serait bienvenu que d'autres pays nous soutiennent. Il y a toujours beaucoup à faire et nous devons nous souvenir que des milliers de vies ont été sauvées grâce à notre intervention. »
Flexibilité allemande
Entretemps, l'Espagne a fait savoir qu'elle ne souhaitait pas participer aux bombardements. Quant à l'Allemagne, elle a adopté une position en désaccord avec ses alliés puisque Berlin a refusé de voter la résolution autorisant l'usage de la force. Depuis, le gouvernement allemand s'est efforcé d'effacer cette impression en proposant de fournir des soldats pour escorter une mission humanitaire dont la mise sur pieds est très improbable. Une position jugée non sans ironie de « flexible » par le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen.
C'est ce genre de cacophonie que les membres de l'OTAN veulent étouffer à Berlin. Décidément l'OTAN, divisée, empêtrée dans des compromis improbables, ressemble de plus en plus à l'Union européenne. Les Américains l’ont d’ailleurs bien senti :la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a assuré aujourd’hui à Berlin que les Etats-Unis « soutiendraient fortement » l'opération Protecteur unifié de l'OTAN en Libye jusqu'au départ de Kadhafi. Une manière, au-delà des palabres, de rappeler les enjeux.
Auteur : Jean-Michel Bos
Edition : Philippe Pognan