Nouvelle stratégie pour l'Afghanistan
27 janvier 2010Ce qu'il y a de nouveau, écrit die Welt, c'est surtout qu'on peut enfin parler d'une stratégie à peu près cohérente. Avec l'envoi de 850 soldats supplémentaires, l'Allemagne montre qu'elle ne cherche pas à se soustraire à sa responsabilité en Afghanistan, elle prend les devants sur d'éventuelles critiques des pays alliés. Et avec l'augmentation du nombre d'instructeurs pour la police et de l'aide civile, Berlin fait des concessions à la population allemande, qui souhaite un engagement essentiellement civil en Afghanistan.
Même son de cloche dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung : le gouvernement ne peut pas ignorer le climat hostile à la mission en Afghanistan qui règne en Allemagne. La « nouvelle stratégie » est un compromis entre ce qui serait nécessaire d'un point de vue militaire et ce qu'il est possible de faire accepter sur le plan politique en Allemagne.
Pour la Süddeutsche Zeitung, il ne faut pas sous-estimer la contribution allemande, mais ce ne sont pas 500 soldats, 200 millions d'euros d'aide au développement et 70 instructeurs de police qui décideront du sort de l'Afghanistan. L'avenir du pays dépend de l'approche adoptée par les Etats-Unis, de leurs 30 000 soldats supplémentaires et d'une aide financière bien supérieure à celle de toute l'Europe. Ce qui est étrange en Allemagne, c'est qu'on prend ses distances vis-à-vis de l'engagement renforcé du président américain Barack Obama, mais qu'on s'est approprié son objectif d'un prochain retrait des troupes.
C'est certes une bonne chose de rappeler au gouvernement afghan que les troupes étrangères ne peuvent pas rester éternellement dans le pays, estime de son côté la Frankfurter Rundschau. Mais c'est par contre complètement hypocrite de la part du gouvernement allemand et de la communauté internationale de remettre pompeusement à la fragile administration Karzaï la responsabilité de réussir ce qu'eux-mêmes n'ont pas pu faire en huit ans avec les techniques militaires les plus modernes et un investissement financier massif. A savoir : pacifier l'Afghanistan de façon durable.
Auteur : Aude Gensbittel
Rédaction : Fréjus Quenum