DW: Cette semaine, notre chaîne a publié les récentes révélations de Hergile Ilunga et Alain Kayeye qui ont relaté comment les faits se sont déroulés en 2010, quand votre époux Floribert Chebeya et son chauffeur Fidèle Bazana ont été assassinés. Quel est l’impact de ces révélations, selon vous ?
Ces révélations confirment que Floribert et Fidèle Bazana étaient bien arrivés à l’Inspection générale de la police et que le commanditaire est celui qui les avait invités : John Numbi. Il avait planifié toutes ces choses pour qu’ils soient assassinés. Donc pour nous, la famille, la justice doit se saisir directement de ce dossier malgré nos plaintes déjà déposées via nos avocats qui sont à Kinshasa.
DW : Quelles sont vos attentes vis-à-vis de la justice congolaise ?
Nous attendons qu’on puisse fixer les choses, surtout que Kenga Kenga a été arrêté… alors puisqu’il est là, qu’on ouvre le procès.
Parce que nous, la famille, demandons que la justice soit indépendante. Ce ne sont plus les gens qui ont assassiné Floribert et Bazana qui sont au pouvoir maintenant, c’est un nouveau président qui est là. Or il prône l’Etat de droit. Alors que la justice se saisisse de ce dossier, qu’Ilunga aussi rentre et que le procès ait lieu. Jusqu’à présent, on n’a pas obtenu de réaction, de réponse positive.
DW : Selon vous, qu’apportent ces nouveaux éléments ?
Ces éléments confirment que l’assassinat de Floribert et de Fidèle Bazana est un crime d’Etat. C’est l’Etat qui a tout planifié pour faire assassiner Floribert parce qu’ils trouvaient que son travail était gênant pour eux. Alors nous voulons que la justice se saisisse de ce dossier directement.
Nous en tant que famille, moi en tant qu’épouse et mère avec mes enfants, nous voulons que la justice éclate, que ces gens soient punis, qu’il y ait réparation. Pour qu’enfin on puisse pleurer et clore notre deuil car jusqu’à présent, nous sommes dans le traumatisme, la douleur, l’angoisse car nous ne savons pas ce qui s’est passé réellement.
DW : Croyez-vous en la justice congolaise ?
Avec toutes ces révélations, nous croyons en la justice de notre pays. Nous souhaitons un Etat de droit, un procès exemplaire qui montre qu’il n’y a plus d’impunité en RDC. Que les responsables soient arrêtés pour mettre fin à cette douleur, cette angoisse que nous portons en nous tout le temps, tous les jours, et qui nous fait tellement de mal.